Le zoo d’Amnéville bâtit l’espace Tigerworld, où une dizaine de tigres se produiront dans une arène digne d’une salle de concerts insérée dans une montagne artificielle.
Le zoo d’Amnéville aime faire les choses en grand. Michel Louis, fondateur du parc zoologique mosellan, et le jeune dresseur Rémy Flachaire se sont inspirés du Puy du Fou et des grottes de Lascaux pour concevoir un spectacle de fauves à la mesure des quelque 600 000 visiteurs annuels. Tigerworld couvre 2 ha et réserve 3 000 m² à la salle de spectacle de 1 922 places implantée dans une montagne artificielle de 18 m de hauteur. Le projet, d’un montant de 15 millions d’euros, mobilise une vingtaine d’entreprises. Un complexe technique de 600 m², offrant aux artistes-tigres des enclos semi-privatifs avec loge intérieure, jardinet et piscine, une cuisine comportant chambre froide négative, chambre froide positive et salle de découpe complètent le tout.
Béton sculpté sur structure métal
En arrivant à Tigerworld, les visiteurs ne verront d’abord qu’une montagne de grès ocre parcourue de cascades et enserrée dans une végétation dense. Le prodige tient à la minutieuse réalisation de l’entreprise AAB, qui a créé le squelette de l’ouvrage à partir d’échafaudages insérés dans la structure et de cornières métalliques soudées en fonction de la maquette initiale. Agrafé sur l’armature, un grillage en plastique confère leur forme aux rochers. Une équipe de huit personnes pose une première couche de mortier lissé à l’intérieur du filet. Le lendemain, un sculpteur appose une deuxième couche de 5 à 8 cm qui figure les failles et brèches. Un peintre intervient une semaine plus tard pour poser une patine acrylique. Les 3 000 m² de façade extérieure demanderont 9 000 heures de travail.
La montagne recèle une caverne où un écran de 43 m de long qui réserve aux spectateurs d’impressionnants effets spéciaux. Sur 750 m², le décor intérieur reconstitue un temple khmer grâce à des coques en polyester fixées sur des structures métalliques.
Un membre de notre équipe est parti au Cambodge pour mieux s’imprégner des décors naturels.
Eric Nadeau, architecte-paysagiste chez AAB
De teinte claire, le temple s’estompe lors de la projection du film sur les tigres qui lance le spectacle, puis donne du relief à certains effets spéciaux.
Installés dans des fauteuils d’Art Design, fournisseur des jeux Olympiques de Sotchi, les spectateurs bénéficieront d’une vue à 170° sur la scène circulaire. La sonorisation et les lumières n’ont rien à envier à une salle de concert classique, mais la particularité des artistes oblige à certaines précautions. Une cage escamotable descendra du gril technique en une minute et demie avant le début du spectacle. Le calendrier des travaux s’est adapté à la période d’apprentissage des tigres, qui durera un an.
Il a fallu avancer l’installation des décors et des gradins pour permettre aux fauves de s’acclimater à leur environnement.
Philippe Singele, architecte chez Blaser & Schott
Du bac géant des manchots au domaine des gorilles, le cabinet d’architectes thionvillois accompagne les projets du zoo depuis plus d’une décennie.
Fiche technique
- Maître d’ouvrage : Parc zoologique d’Amnéville.
- Architecte : Blaser & Schott.
- BET : Betib, Ingam (fluides) et SPC Acoustique (acoustique)
- Bureau de contrôle : Bureau Veritas.
- Décors : AAB
- Scénographie : Creatime.
- Entreprises : Pomebo (BET Structure béton, charpente métallique), Kuthe SAS (génie climatique, sécurité incendie), Transmetal (menuiseries extérieures, serrurerie), Zoo d’Amnéville (VRD).
- Début du chantier : juin 2013.
- Ouverture : avril 2015.
--Télécharger l'article en PDF --