Projet urbain sans équivalent en France, le quartier de l’Amphithéâtre s’est concrétisé à l’arrière de la gare de la gare en couplant opportunité foncière et projet visionnaire. Née au début des années 2000, l’idée de créer un morceau de ville contemporain faisant le pendant du quartier impérial a pris forme et entre dans sa dernière phase.
En arrivant à Metz par la sortie sud de la gare, un Messin de souche qui aurait quitté sa ville natale depuis dix ans ne reconnaitrait rien – sauf peut-être les grilles en fer forgé de l’ancien entrepôt ferroviaire qui longent en partie le Centre Pompidou Metz. Sur une friche de 38 hectares qui s’étendait de la voie ferrée au parc de Seille (rebaptisé parc Jean-Marie Pelt) se sont successivement posé le centre Pompidou, la halle Michelin, le centre commercial Muse et le centre des congrès Robert Schuman, sans compter une forêt d’immeubles d’habitation et de bureau. Désignée en 2005, l’agence Nicolas Michelin et associés (Anma) a assuré durant 10 ans le suivi urbanistique et architectural de la Zac de l’Amphithéâtre, avant de passer le relais à Citadia. Aménageur du site, la Saremm lance aujourd’hui un nouvel appel d’offres de maîtrise d’œuvre urbaine. La dernière phase du projet doit faire émerger en quatre ans les 84.000 mètres carrés restants sur un programme total de 296.192 mètres carrés.
Postérité
Résolument moderne, voire futuriste, le Centre Pompidou Metz a constitué le point d’ancrage du nouveau quartier. Inauguré en 2010, le musée d’art contemporain a constitué la première décentralisation en province du Centre Pompidou Beaubourg à Paris. Le « chapeau chinois » conçu par l’architecte japonais Shigeru Ban n’a pas tardé à symboliser Metz.
Le Centre Pompidou Metz a joué pleinement son rôle de catalyseur. Il a tiré vers le haut tous les autres équipements du territoire et il a contribué à la forte valorisation du quartier de l’Amphithéâtre, qui laissera une trace à la postérité.
Jean-Luc Bohl, président de Metz Métropole
Certes, l’édifice d’un coût de 72 millions d’euros a connu quelques déboires. Il a mal supporté la neige de son premier hiver, qui a causé un accroc à sa voilure de 8.000 mètres carré – laquelle, dix ans plus tard, n’est plus tout à fait aussi blanche. Le musée n’en constitue pas moins un formidable vecteur d’image, non seulement en Lorraine, mais aussi dans la Grande Région et à l’international.
Touche Arty
Inauguré en novembre 2017, le centre commercial Muse a explicitement joué de la touche « arty » en intégrant des éléments d’art contemporain en façade et dans ses galeries. Construit au terme d’un investissement privé de 324 millions d’euros, le complexe associe 46.00 mètres carrés de surfaces commerciales, 5.200 mètres carrés de bureaux et 320 logements. L’agence Jean-Paul Viguier & associés présente la réalisation messine comme l’aboutissement de son concept de « ville intense ». L’automne 2018 a été marqué par l’inauguration du centre des congrès Robert Schuman, qui propose 15.300 mètres carrés sur cinq niveaux et un auditorium de 1.200 places. Conçu par le cabinet d’architecture Wilmotte et associés, ce modèle de sobriété éclairé de pierres de Jaumont a coûté 70 millions d’euros.
Créer de l’urbain
Le pari de l’Amphithéâtre est d’ores et déjà gagné, car il a démontré notre capacité à créer de l’urbain dans un espace contraint en assurant la mixité entre équipements publics, commerce, logement et bureaux. Sa dernière extension, largement réservée au logement, sera plus apaisée et permettra aux habitants de garder le contact avec le végétal.
David Richard, directeur de l’aménagement de Metz Métropole en charge de l’aménagement de la Zac
Le quartier comporte quelques belles réussites environnementales telles la roselière du parc Jean-Marie Pelt, qui filtre les trois quarts des eaux pluviales de la Zac, le réseau urbain de chauffage et frigorifique mis en place par le groupe UEM en 2009, ou encore, les normes de basse consommation anticipées dans la plupart des bâtiments.
Ilots de fraîcheur
Mais le quartier n’est pas très verdoyant. Le parc Jean-Marie Pelt, partiellement inclus dans la Zac, en constitue l’unique poumon vert un peu déconnecté. La pelouse ondulée des abords du centre Pompidou Metz n’est pas perçue comme un parc. Le maître d’œuvre de la dernière extension du quartier devra disséminer dans l’espace public une végétation à vocation décorative, mais aussi utilitaire. Confrontée à la perspective d’étés brûlants où le thermomètre pourrait atteindre 50 °, la Ville de Metz, la Métropole et le Céréma ont lancé l’étude Sésame (Services écosystémiques rendus par les arbres modulés selon les essences) qui servira de guide pour les futures plantations.
Une dernière vague de chantiers
Dans sa deuxième phase, le quartier de l’Amphithéâtre se dotera d’une dizaine de nouveaux immeubles, dont la plupart sont déjà entrés en chantier. Dessinée par Artech-John D et Demathieu & bard, la Maison de la Métropole regroupera les services de l’intercommunalité sur 15.000 mètres carrés au droit du centre des congrès. De part et d’autre de la rue des Messageries, qui relie Muse à la rue Lothaire, prendront place un Kinépolis de 8 salles pour 1100 fauteuils et l’Hôtel Maison Heler-Metz de 119 chambres. Ce bâtiment de 14 étages surmonté d’une maison signée Philippe Stark sera le plus haut de la ville. Les bâtiments Quai 86 et l’Arenas apporteront respectivement 3.336 et 9.000 mètres carrés de bureaux. Le Vertuose édifié par Icade proposera 169 logements tandis qu’In situ mixera 1.500 mètres carrés de bureaux et 92 logements livrés par Bouygues.
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