Le sommet franco-allemand qui se tiendra à Metz le 7 avril prochain marquera l’officialisation de la candidature de la ville au Patrimoine mondial de l’Unesco. La cité mosellane a construit son identité à partir des architectures successives qu’y ont juxtaposé, puis imbriqué des pouvoirs opposés.
« Metz est wunderbar »
Le mot d’ordre servira de fil conducteur à une semaine de festivités franco-allemandes au cours de laquelle la candidature de la ville au classement mondial de l’Unesco tiendra une place de choix.
Avec son passé romain, médiéval, renaissant, classique, Metz constitue l’une des villes d’art les mieux dotés en Europe. Son centre historique compte un nombre impressionnant de chefs-d’œuvre, mais ce n’est pas ce que nous avons mis en avant. Ce qui fait l’universalité de Metz, c’est la recomposition moderne de son paysage à travers l’éclectisme, l’historicisme et la restauration.
Joseph Abram, architecte, historien et chef du projet Unesco
Le comité national des Biens français du patrimoine mondial a confirmé en janvier 2014 l’éligibilité d’une zone composée de deux pôles majeurs : le secteur ancien constitué de la cathédrale Saint-Etienne et les ensembles monumentaux de Jacques-François Blondel des abords de la cathédrale jusqu’aux bords de la Moselle, et l’extension urbaine réalisée lors de l’Annexion de la fin du XIXème siècle à la Première Guerre mondiale.
La cathédrale la plus ouverte du monde
Ville brillante et fastueuse, Metz, qui jouissait au Moyen-Age d’une réelle indépendance politique et économique en dépit de son appartenance au Saint Empire romain germanique, a bâti la cathédrale gothique la plus ouverte d’Europe. Ses 6 500 m2 de vitraux la situent à la pointe de la technique de l’époque.
Devenue française en 1552, la ville connait une nouvelle apogée architecturale à partir de 1727 avec la nomination du duc de Belle-Isles aux fonctions de gouverneur des Trois-Evêchés. L’officier de Louis XIV, puis de Louis XV, assèche les marécages de l’île du Saulcy pour édifier la place de la Comédie, chef d’œuvre de classicisme, et nivelle les abords de la cathédrale. Son successeur, le maréchal d’Estrée, confie à Jacques-François Blondel, l’un des plus grands architectes du Siècle des Lumières, la construction de la place d’Armes, majestueux quadrilatère regroupant tous les bâtiments symboliques du pouvoir.
Vitrine de l’empire prussien
Le foisonnement stylistique reprend de plus belle après la guerre de 1870, qui voit Metz intégrer l’empire prussien.
Du fait de son destin politique contrasté, partagé entre la France et l’Allemagne, qui a élargi le champ des références à l’héritage des deux nations et exacerbé leur confrontation, Metz révèle, mieux qu’ailleurs, les lignes de force de la culture urbaine européenne dans cette phase de transformation accélérée des villes et des paysages qui s’étend des dernières décennies du XIXe siècle à la Première Guerre mondiale.
Joseph Abram
Guillaume Ier, puis Guillaume II entendent faire de Metz une vitrine architecturale majestueuse et éclectique. Aux monumentaux édifices néo-romans de la poste centrale, de la nouvelle gare ferroviaire puis du Temple neuf s’ajoutent des éléments néogothiques tels le temple de garnison, dont le clocher culmine à près de 100 m, et des bâtiments de style néo-Renaissance dont le palais du Gouverneur constitue le chef d’œuvre. Durant cette période faste sur le plan de l’urbanisme, des architectes venus d’Allemagne, de Bohème ou d’Italie rivalisent d’imagination pour édifier la Neustadt, l’extension moderne de la ville.
Dès le 5 avril 2016, une conférence organisée à l’Arsenal exposera aux Messins les atouts de la ville pour postuler au classement Unesco. En 2017, l’année Blondel contribuera à mettre en valeur le patrimoine de la ville : deux grandes expositions organisées à l’Arsenal de Metz en collaboration avec l’Ecole nationale d’architecture de Nancy et à la Cité de l’architecture à Paris rendront hommage à l’architecte des Lumières.
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