L’entreprise de Saint-Nabord reprise par le groupe Alain Thirion a vu ses effectifs fondre de 264 à 187 salariés contre 340 personnes en 1998. Le repreneur porte ses efforts sur la recherche et développement pour relancer la créativité.
Faire de DMC la première filature de fils spéciaux d’Europe, telle est l’ambition d’Alain Thirion, « l’homme aux 2.000 salariés ». En reprenant la filature DMC de Saint-Nabord (Vosges) en début d’année, l’industriel vosgien s’est heurté au premier gros conflit social de sa carrière de repreneur, les salariés s’étant mobilisés pour conserver leurs avantages sociaux. La transaction est, par ailleurs, restée suspendue durant un mois aux conditions posées par l’industriel vosgien, qui exigeait cinq années d’exonération de taxes professionnelles avant de concrétiser la reprise. La journée portes ouvertes organisée le 9 septembre prochain doit présenter les nouvelles ambitions du site dans un climat social apaisé.
Les salariés avaient conservé la culture DMC, consistant à s’assurer des revenus confortables avant de se soucier de rentabilité. Aujourd’hui, ils sont prêts à retrousser leurs manches.
Alain Thirion
L’industriel vosgien compte maintenir la production de 4.050 tonnes de fils spéciaux par an en dépit de la baisse des effectifs, passés de 264 à 187 salariés en début d’année contre 340 personnes voilà deux ans. Les syndicats, qui ont signé fin juillet un accord prévoyant le maintien de leurs salaires et de leurs primes, se montrent plus réservés et affirment travailler en sous-effectifs. Bon outil de production. Reprise « au prix du stock et des machines », la filature de Saint-Nabord constitue un outil de production haut de gamme, inauguré par le groupe alsacien DMC en octobre 1997 au terme d’un investissement de 50 millions de francs. Son nouveau propriétaire a investi 1,5 million de francs dans l’atelier « Elastique » (Stretch et Lycra) et fera porter ses efforts sur la recherche et développement pour relancer la créativité du site.
Ancien professeur de physique-chimie, Alain Thirion s’est engagé dans le textile en 1990 en rachetant la société Les Héritiers de Georges Perrin (HGP). Avec un millier de salariés et un chiffre d’affaires évalué à 800 millions de francs (122 millions d’euros), le secteur textile représente aujourd’hui 40 % de l’activité du groupe familial Thirion. Régulièrement comparé à un « Tapie vosgien », Alain Thirion récuse cette étiquette.
Mon groupe se compose d’un tiers d’entreprises créées de toutes pièces, d’un tiers d’affaires achetées à un prix normal et d’un tiers de reprises d’entreprises en difficultés. Chaque pôle est autonome et rentable. Durant cinq ans, ma mise en examen dans l’affaire de la filature Hartmann a freiné le développement de mon groupe. Aujourd’hui, mon honneur est sauf et je peux envisager un nouveau départ.
Alain Thirion
Le 26 juillet dernier, la cour d’appel de Colmar lui a, en effet, accordé la relaxe dans une affaire d’escroquerie à l’assurance suite à l’incendie de l’usine haut-rhinoise survenu en 1994. L’ancien directeur du site a été condamné à un an de prison avec sursis et au remboursement des 14,9 millions de francs (2,3 millions d’euros) réclamés par la compagnie.
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