Les Led transfigurent l’aspect nocturne des villes. Le renouvellement des 9 millions de points lumineux extérieurs reste lent, mais permet des économies d’énergie.
Les illuminations de Noël viennent de s’éteindre, mais les villes françaises entendent rester belles la nuit. En matière de lumière, l’Hexagone a développé une French Touch réputée.
Dans le monde entier, l’éclairage public se métamorphose pour accompagner la piétonnisation, l’allongement de la vie nocturne et l’aspiration à de nouvelles ambiances lumineuses.
Roger Narboni., fondateur de l'agence Concepto
Le concepteur a été commissaire de la récente exposition parisienne « Le futur de la lumière urbaine », qui a vu émerger des idées futuristes telles que la luminothérapie urbaine, les cocons lumineux individuels ou, encore, les biosciences qui rendent les plantes et les animaux domestiques luminescents.
Technologie mature
Ces féeries ne sont pas encore à l’ordre du jour. Les fabricants de lampes, luminaires et candélabres français, soit une cinquantaine d’entreprises employant 7.000 salariés, sortent tout juste de plusieurs années sombres. Durant la période 2014-2016, les spécialistes de l’éclairage public, qui représentent environ un tiers de la profession, ont vu leur chiffre d’affaires fondre de 25 % avant de se stabiliser à 2,3 milliards d’euros en 2017. Au traditionnel repli constaté lors des débuts des mandats municipaux se sont ajoutées la réorganisation des compétences liée à la loi NOTre et les incertitudes quant aux dotations des collectivités. Sans oublier la concurrence des géants chinois et la montée en puissance des start-up.
La production de lampes et d’appareils d’éclairage en France a été divisée par deux depuis 2010. Mais le marché est en plein bouleversement avec des LED qui peuvent embarquer puces, capteurs et connexions de réseaux. Le smartlighting risque de bouleverser à nouveau la chaîne de valeur des marchés de l’éclairage. Ces solutions innovantes accélèrent le transfert de valeur de la partie hardware vers la partie software , comme la conception des logiciels de pilotage, la construction d’architecture réseau, les services d’intégration ou encore la cybersécurité des équipements.
Etude de Xerfi, institut d’études économiques privé
Le marché repart tant dans la perspective des municipales de 2020 qu’à la faveur des progrès spectaculaires générés par les LED .
Cette technologie est désormais mature et permet aux villes de gagner 80 % sur leur facture, voire davantage. En matière d’économies d’énergie, la rénovation de l’éclairage constitue l’investissement le plus rentable.
Lionel Brunet, délégué général du Syndicat de l'éclairage
Les gains tiennent à la fois à la réduction de la consommation, à la baisse des coûts de souscription auprès des opérateurs et à l’allégement des taxes, calculées non pas sur la consommation, mais sur la puissance installée.
Les LED permettent de moduler l’intensité et les plages horaires. Pionnière, Toulouse finalise un plan qui lui a permis de diminuer sa consommation électrique en augmentant la durée d’éclairage. A Metz, le coût des illuminations de Noël est passé de 145.000 à 7.000 euros en dix ans grâce au remplacement des ampoules à incandescence par des LED. Grenoble vise une diminution de 56 % de sa consommation énergétique, tout en baissant de 80 % la pollution lumineuse.
Chantier de longue haleine
Les LED supposent des investissements lourds et obligent à une grande vigilance, notamment quant à la qualité des réseaux. Mais beaucoup de villes franchissent le pas pour remplacer les équipements vétustes et diminuer une facture d’éclairage qui, à puissance constante, a doublé en dix ans.
Roger Couillet, co-animateur du pôle collectivités de l'Association française de l'éclairage et responsable éclairage public de Douai
A raison de 9 millions de points lumineux extérieurs, la rénovation de l’éclairage constitue un chantier de longue haleine. Au rythme actuel de remplacement – entre 2 et 3 % par an -, il faudrait un demi-siècle pour renouveler le parc. La seule contrainte réglementaire consiste en l’interdiction, en vigueur depuis 2015, de la vente de lampes à incandescence. Ces ballons contenant des vapeurs de mercure représentent encore 10 % de l’éclairage actuel et leur remplacement coûtera 1 milliard d’euros aux collectivités.
Marché diffus
A ce marché diffus, localisé dans les petites communes, s’ajoute le potentiel des villes qui prennent conscience des enjeux en matière de transition énergétique et d’image.
Outre ses fonctions techniques, la lumière est devenue la signature des villes. La croissance de ce marché dépendra de la capacité de la filière à mettre en valeur ses réalisations et à faire émerger le débat de la consommation énergétique.
Lionel Brunet
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