Trois jeunes repreneurs élargissent les débouchés de carrières exploitées depuis l’époque romaine.
À une trentaine de kilomètres de Metz se dressent des canyons dorés, des montagnes de sable et des falaises grignotées par l’homme depuis deux millénaires. Affecté au secteur de Malancourt-la-Montagne (Moselle), James Scheider, alors employé de Screg Est, filiale du groupe Bouygues spécialisée dans les travaux routiers, s’est pris de passion pour ce paysage tourmenté. En 2006, ce commercial trentenaire s’est associé à Mathieu Gautier, ancien fonctionnaire de l’équipement, et à Jean-Marie Costa, professionnel du BTP, pour racheter les carrières de Jaumont à la famille Vaglio.
Aujourd’hui directeur général de Vaglio SAS, le jeune homme met en oeuvre une stratégie ambitieuse pour intensifier l’exploitation et valoriser la fameuse « pierre de soleil » découverte par les Romains. Constitutive de tous les bâtiments historiques de Metz et de sa vallée, la roche calcaire aux éclats mordorés se retrouve aujourd’hui jusque sur les frontons de villas en Floride.
Jusqu’à présent, seule la couche supérieure était exploitée pour ses pierres de taille, les résidus étant réduits en sable ou utilisés en sous-couche routière. En descendant dans les couches inférieures, nous valorisons le caillou à des fins plus nobles.
James Scheider
Le projet a convaincu un pool bancaire regroupant le Crédit Agricole, le Crédit Lyonnais et la Banque Populaire de Lorraine Champagne-Ardenne, qui ont accordé aux repreneurs un apport de 28 millions d’euros. Prolongée de trente ans à compter de cette année et désormais accordée jusqu’à 45 mètres de profondeur, l’autorisation d’exploiter le site de 240 hectares offre aux trois associés une réserve de quelque 70 millions de tonnes.
Particulièrement précieuse
L’entreprise, qui emploie aujourd’hui 150 salariés pour 20 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2010, mise sur la qualité de la couche inférieure du gisement, constituée de calcaire polypier, pour alimenter les fabricants de béton et fournir aux industriels de la route des matériaux de structure routière. La ressource s’avère particulièrement précieuse dans un contexte de raréfaction des matériaux alluvionnaires. Effectuée dans de la roche massive, l’exploitation ne fait courir aucun risque à la nappe phréatique et n’utilise que ses propres ressources en eau. Pour attaquer le calcaire polypier, les carrières Vaglio ont investi 2,3 millions d’euros dans une ligne de lavage composée de concasseurs et de multiples cribles. D’ici à 2016, quatre autres installations du même type mobiliseront un investissement de 15 millions d’euros.
La pierre de Jaumont, qui ne représente que 5 % du chiffre d’affaires des carrières, constitue néanmoins son produit phare. L’entreprise a fait breveter sous la marque « Jaumont, pierre de soleil » ce matériau unique décliné en architecture, en dalles ou sous forme de sculptures. Tenues à une obligation de mémoire, les carrières réservent une partie de leur production à la restauration des monuments historiques de Metz et de ses alentours. Réputée auprès des architectes internationaux, la pierre pare également les façades de bâtiments contemporains, du Japon aux États-Unis.
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