Le spécialiste des canalisations en fonte rapatrie à Pont-à-Mousson une production qu’il avait assignée voici trois ans à sa filiale allemande.
Cette fois, l’aller-retour sera définitif. Saint-Gobain PAM, qui avait délocalisé en 2014 une partie de la production de tuyaux en Sarre dans le cadre d’une politique de spécialisation des sites, rapatrie la coulée de l’usine de Brebach, près de Sarrebruck, vers son haut-fourneau de Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle). La direction invoque la baisse continue de la demande de conduites d’adduction d’eau et d’assainissement sur le marché européen pour justifier cette décision, qui entraînera 179 suppressions de postes à Brebach. Connue sous le nom de « Halbergerhütte », la fonderie sarroise créée en 1756 et rachetée par Saint-Gobain PAM en 1972 a produit l’an dernier 80.000 tonnes de canalisations. Elle ne conservera que 100 salariés qui seront affectés au traitement de tuyaux spéciaux destinés au nord de l’Europe.
L’arrêt de la production ne tient pas à notre site, qui était rentable et fournissait de l’acier de très bonne qualité. Notre priorité consiste aujourd’hui à accompagner des salariés qui ont parfois plus de trente ans d’ancienneté vers de nouveaux emplois dans d’autres entités de Saint-Gobain ou sur les autres usines du complexe sidérurgique de Brebach.
Jürgen Schuler, président du comité d'entreprise de Saint-Gobain PAM Deutschland
Saint-Gobain PAM a promis aux salariés du site sarrois – dont 76 frontaliers français – l’ouverture de postes sur ses installations lorraines. Mais la distance de près de 100 kilomètres entre Sarrebruck et Pont-à-Mousson complique les reclassements.
Bouffée d’oxygène
En Meurthe-et-Moselle, le rapatriement de l’activité sarroise est perçu comme une petite bouffée d’oxygène pour le haut-fourneau de Pont-à-Mousson – le dernier de Lorraine – qui tourne depuis plusieurs années aux deux tiers de ses capacités. Le tonnage reste confidentiel, mais direction et syndicats s’accordent à déplorer dix ans d’érosion des marchés. A la crise des subprimes ont succédé les printemps arabes, qui ont perturbé les marchés proche et moyen-orientaux. La concurrence désormais féroce des producteurs chinois et indiens contribue à plomber la reprise.
A Pont-à-Mousson, les effectifs de Saint-Gobain sont passés de 1.000 à 700 salariés en cinq ans et les deux autres entités contiguës de Blénod-lès-Pont-à-Mousson et de Foug ont également vu leur effectif descendre à 300 salariés chacune. Annoncé mi-2017, le plan Avenir de la direction prévoit 400 suppressions de postes sans licenciement d’ici à 2021. La mesure s’accompagne d’un programme de modernisation qui mobilisera un investissement de 35 millions d’euros durant cette même période.
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