Les 11 ports fluviaux de la Moselle se regroupent sous l’égide d’un gestionnaire commun rassemblant la CCI de Meurthe-et-Moselle, ArcelorMittal et CFNR Transport. Le consortium public-privé investira 30 millions d’euros pour rendre ses infrastructures plus attractives à l’échelle européenne.
En Lorraine, trois ans de concertation viennent d’aboutir à la désignation du trio d’opérateurs qui pilotera la navigation fluviale au long de la Moselle au cours des trente prochaines années. La chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Meurthe-et-Moselle, ArcelorMittal et CFNR Transport, filiale du groupe allemand Rhénus, exploiteront conjointement neuf ports publics et deux ports privés du nord au sud de la rivière.
Le consortium se propose d’investir 30 millions d’euros dans ces infrastructures, dont 10 millions d’euros au cours des 10 prochaines années, et vise durant cette période une croissance des tonnages de 16 % sur la Moselle canalisée .
Baisse des tonnages
Longuement négociée, cette solution réunifie la quasi-totalité du fret mosellan tout en garantissant l’équilibre régional. Le groupement retenu se positionne comme un acteur de poids dans les discussions avec les grands ports maritimes.
Pascal Gauthier, directeur territorial Nord-Est de Voies navigables de France (VNF)
Complexe, le montage concrétise la volonté, formulée dans l’appel d’offres publié par VNF et la région Grand Est fin 2017, de relancer une voie d’eau en déclin. Affectée à la fois par la baisse de tonnage de la sidérurgie et par la sourde concurrence à laquelle se livraient les bassins de Metz, de Thionville et de Nancy, la Moselle ne voit plus passer aujourd’hui qu’entre 4 et 5 millions de tonnes de fret par an, contre le double il y a une dizaine d’années.
Le SMO à la manoeuvre
Organe de gouvernance constitué en 2019, le Syndicat mixte ouvert (SMO) des ports lorrains a chargé une Société d’économie mixte à opération unique (Semop) d’assurer l’exploitation et la gestion portuaire sur un parcours de 158 kilomètres entre Neuves-Maisons, près de Nancy, et le port mosellan d’Apach, à la frontière luxembourgeoise.
ArcelorMittal, gestionnaire des ports d’ Illange et de Mondelange, le logisticien international Sea Invest et la CCI de Meurthe-et-Moselle en groupement avec CFNR Transport avaient déposé trois candidatures distinctes avant que ne se dessine une offre unifiée. Sous réserve de la concrétisation des engagements bancaires, la Semop ouvrira 51 % de son capital à trois acteurs privés : la CCI de Meurthe-et-Moselle (55 %), CFNR (30 %) et ArcelorMittal (15 %).
Nouvelle donne
Celle nouvelle configuration illustre le potentiel fluvial du sillon lorrain : pour la première fois, nous sommes parvenus à dépasser les frontières administratives et territoriales pour mettre en valeur sa position centrale dans l’espace logistique européen.
François Pélissier, président de la CCI de Meurthe-et-Moselle
Déjà gestionnaire de la plateforme multimodale de Frouard, près de Nancy, la chambre consulaire s’est rapprochée de la SNCF, des Chemins de fer luxembourgeois (CFL) et des ports de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), d’Anvers et de Zeebrugge, en Belgique, pour faire valoir les atouts de la Moselle canalisée.
La nouvelle donne devrait faire revenir le long de la Moselle des logisticiens qui s’en étaient détournés. Le groupe Suez se positionne pour stocker près de Nancy les terres excavées du Grand Paris. Le port céréalier de Metz verra sa ligne de conteneurs renforcée. La CCI de Meurthe-et-Moselle, qui s’enorgueillit d’avoir détourné 30.000 camions de l’autoroute A 31 grâce à la solution multimodale mise en oeuvre à Frouard, évalue la capacité de la Moselle à 10 millions de tonnes sans investissement majeur.
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