Place forte fédérale de l’IA, le DFKI de Sarrebruck aspire à centraliser la recherche européenne en la matière. Le Grand Est et le Luxembourg soutiennent cette ambition.
Au centre d’un bâtiment spectaculaire, un show-room expose un minibus autonome stationné à proximité d’un mur d’escalade connecté. Dès le premier abord, le DFKI (Deutsche Forschungszentrum für Künstliche Intelligenz) s’impose comme pièce maîtresse du campus informatique de l’université de Sarrebruck. Purement privé, l’institut de recherche dispense son expertise en intelligence artificielle à une vingtaine de groupes, de BMW à Microsoft, qui alimentent un budget annuel de 50 millions d’euros. La structure a essaimé dans cinq autres villes allemandes et dépasse, depuis le début de l’année, le seuil des 1.000 salariés.
Place forte fédérale de l’IA, Sarrebruck intéresse de plus en plus ses voisins. En janvier dernier, quelques jours après la signature du traité d’Aix-la-Chapelle, une délégation du Grand Est conduite par son président, Jean Rottner, a visité les installations sarroises pour prôner un renforcement des coopérations scientifiques transfrontalières.
Projets communs avec l’Inria
Nous avons toujours coopéré avec la France, et nous trouvons aujourd’hui de plus en plus d’intérêt à nous inscrire dans un triangle Sarrebruck-Nancy-Luxembourg. Il y a urgence à ancrer en Europe des pôles de recherche stimulants pour garder nos jeunes talents, voire faire revenir ceux qui se sont expatriés.
Professeur Philipp Slusallek, directeur scientifique du DFKI et initiateur du réseau Claire (Confederation of laboratories for artificial intelligence in Europe)
La structure milite pour la création d’un équivalent du CERN pour labelliser l’expertise de ses 270 laboratoires à l’échelle mondiale. Sarrebruck tient la corde, notamment grâce à sa position frontalière.
Le DFKI a conduit des dizaines de projets avec l’Inria de Nancy, de la linguistique à l’industrie 4.0 en passant par la cybersécurité, et intensifie ses coopérations avec le Luxembourg Institute of Health. D’autres projets le connectent aux universités de Strasbourg.
Le Grand Est ne verrait que des avantages à voir Sarrebruck devenir le site de référence européen de l’IA. Vu de Paris, on n’imagine pas à quel point il est important d’imbriquer nos destins.
François Werner, vice-président du Conseil régional du Grand Est et de la Métropole du Grand Nancy
Le DFKI avance une première idée pour concrétiser ce rapprochement : un minibus sans chauffeur véhiculerait chercheurs et étudiants d’un campus à l’autre, transformant les heures perdues dans les bouchons en précieuses plages de travail.
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