L’Usine d’électricité de Metz (UEM) entre dans sa cent-septième année d’existence avec une énergie renouvelée. L’entreprise s’apprête à changer de statut, achève un vaste chantier d’interconnexion de ses réseaux et fait ses premiers pas dans la production de froid sur le nouveau quartier de l’Amphithéâtre.
Ouverture du capital
Comptant parmi les six producteurs français d’électricité à alimenter plus de 100 000 clients, l’ex-« Stadtwerke » de droit allemand, devenue régie municipale en 1925, se trouve contrainte de séparer la gestion de ses réseaux de ses autres activités, afin de se mettre en conformité avec les législations européenne et française. D’ici au 1er janvier 2008, elle ouvrira donc 15 % de son capital pour se transformer en société d’économie mixte.
Cette ouverture à minima ne préjuge pas du choix d’un futur partenaire. Elle nous permettra de filialiser notre gestion des réseaux, mais nous poursuivrons nos quatre activités – fourniture d’électricité ; chauffage urbain ; vidéo et communication ; éclairage public – en toute autonomie.
Gérard Vincent, directeur de l’UEM
L’opérateur municipal a achevé mi-août un investissement de 7,5 millions d’euros pour interconnecter les réseaux de chauffage urbain de Metz Cité et de Metz Est. Ces 2 400 m de canalisations supplémentaires, réalisées au terme de 9 mois de chantier, portent à 70 km la longueur totale du réseau messin. Les 60 MW de puissance desservent l’équivalent de 32 000 logements de type F3. L’interconnexion des réseaux permet d’optimiser la cogénération de la station de Chambière, qui utilise en priorité la vapeur émise par Haganis, l’usine de valorisation énergétique des déchets attenante. La centrale de Borny, moins performante sur le plan environnemental, sera convertie en installation de secours mobilisable en périodes de pointe. L’UEM évalue à 4 300 t de charbon et 200 000 t de CO2 le gain énergétique ainsi généré.
Chaud et froid à l’Amphithéâtre
Ce vaste chantier à peine achevé, l’UEM se lance dans la construction d’une centrale multi énergies. Première incursion de l’usine dans le domaine du froid, l’équipement assurera à la fois la climatisation et le chauffage du centre Pompidou, mais aussi, à terme, la distribution centralisée de l’ensemble du quartier de l’Amphithéâtre.
Le projet, qui mobilise dans un premier temps un investissement de 3,5 millions d’euros, développera une puissance installée de 20 MW en chaleur et de 2,4 MW en froid. L’eau réfrigérée à 6,5 ° permettra d’assurer le froid climatique, mais aussi la déshumidification de l’air dans le futur musée d’art contemporain.
Le système retenu, dénommé Dry Cooling, constitue l’une des premières distributions de froid sans tour de refroidissement humide. Le risque de légionellose se trouve ainsi éliminé, mais les groupes à compression électrique très puissants ont nécessité un traitement phonique.
Michel Wannenmacher, responsable travaux et développement de l’UEM
Adossée au talus ferroviaire en face du palais des Sports, la centrale, qui entrera en service en 2008, répondra à des préconisations strictes en matière environnementale et esthétique. Doté d’une toiture végétalisée et d’une façade aux pans brisés, l’équipement ne comportera pas de cheminée, pour respecter le traitement architectural de l’ensemble du site.
Expansion territoriale
Quinze ans après avoir investi dans une turbine à gaz qui lui a permis de passer son potentiel de 100 à 400 MW, l’UEM lance une étude visant à détecter des moyens de production complémentaires comme la cogénération, les énergies à haut rendement dont le biogaz ou l’énergie hydraulique de la Moselle. L’entreprise a d’autant plus intérêt à augmenter son taux d’autosuffisance, qui se monte aujourd’hui à 30 %, que sa filiale ,Energem encore en sommeil, lui permettra à court terme de commercialiser de l’électricité en dehors des 142 communes qui constituent aujourd’hui son territoire.
Les nouvelles technologies ouvrent également à l’UEM une opportunité de croissance : son logiciel efluid, outil d’aide à la gestion destiné aux fournisseurs d’électricité, a d’ores et déjà conquis une dizaine d’opérateurs totalisant 1,5 million de clients.
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