Issu d’un programme Interreg IV porté par la Conférence du Rhin supérieur, le réseau d’acteurs de la transition énergétique Trion s’est mué fin 2015 en une association de droit allemand. Ce nouveau statut dote ses adhérents suisses, allemands et alsaciens d’une autonomie nouvelle et renforce les échanges d’expérience transfrontaliers entre les nombreux sites-phares du territoire.
Le 13 mars 2015, les membres du réseau Trion ont vécu à Baden-Baden (Bade-Wurtemberg) une assemblée générale décisive : sept membres fondateurs – la Région Alsace, le département du Bas-Rhin, les cantons suisses de Bâle-Ville, Bâle campagne et Jura et les Länder allemands du Bade-Wurtemberg et de Rhénanie-Palatinat ont signé les statuts de l’association de droit allemand Trion Climate.
Quatorze mois plus tard, cette évolution statutaire s’est déjà traduite par une trentaine d’adhésion supplémentaires dont un tiers de collectivités et d’organismes consulaires et une vingtaine d’entreprises et bureaux d’études spécialisés dans la transition énergétique et la production d’énergies renouvelables.
Les cotisations des partenaires privés nous permettent de diversifier notre financement, jusqu’alors entièrement public. Nous espérons atteindre une centaine de membres en maintenant une stricte équité entre représentants des trois pays. Notre nouveau statut nous autorise également à percevoir des honoraires et à intervenir dans des projets Interreg en tant que cofinanceurs ou pilotes.
Vulla Parasote-Matziri, directrice générale de Trion Climate
Bilingue, l’équipe de trois salariés à temps partiel dispose d’un budget de 180 000 euros.
Plus-value transfrontalière
En près de dix ans d’existence – en se référant à la mise en place de la commission Climat-énergie de la Conférence du Rhin supérieur en 2007 -, le réseau a fait évoluer ses priorités, passant de l’efficience énergétique à l’énergie au sens large. Trion, devenu Trion Climate, intègre ainsi dans ses thématiques les réseaux de chaleur, la géothermie et le biogaz, en s’assurant de la plus-value transfrontalière de chaque sujet. En élargissant ses cibles, le réseau évite l’écueil de « l’autoroute à sens unique » où les partenaires allemands apparaîtraient comme les éternels champions de l’efficience énergétique.
Un territoire de référence
Le territoire du Rhin supérieur ne manque pas de références prestigieuses en matière de développement durable. A la fin des années 90, le quartier Vauban de Friebourg-en-Brisgau, dans le Bade-Wurtemberg, a fait figure de pionnier européen de l’habitat alternatif d’initiative citoyenne et a érigé le premier ensemble de bâtiments passifs d’Allemagne. La commune de Saint-Louis, dans le Haut-Rhin, et la filiale alsacienne du groupe suisse EBM, ont obtenu le prix des collectivités locales décerné par le Sénat français pour leur réseau de chauffage urbain associant cogénération et biomasse. A Strasbourg, le projet Biovalsan inauguré en septembre 2015 en présence de la ministre de l’Environnement Ségolène Royal constitue un exemple prometteur de valorisation des boues d’épuration sous forme de biométhane. Le canton suisse du Jura conduit un projet de géothermie profonde à Haute-Sorne pour créer une centrale d’une puissance installée de 3 à 5 MW électriques et de 10 MW thermiques, qui doit permettre de pourvoir à la consommation de 6 000 ménages à l’horizon 2020. Les avancées de chaque composante de Trion Climate feront progresser le Rhin supérieur tout entier vers l’autonomie énergétique.
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