Créée par Emmaüs Grand Est pour valoriser des vêtements usagés, Tri d’Union parvient à remettre près de neuf salariés sur dix sur chemin de l’emploi. Un prochain transfert de l’activité doit élargir l’éventail des compétences.
Fondé par Emmaüs Action Est en 2011, Tri d’Union bat en en brèche les préjugés assimilant le travail en insertion aux emplois occupationnels. Le site de Stiring-Wendel (Moselle) traite chaque année 3 800 tonnes de linge et trie 2 000 tonnes de vêtements usagés collectés dans les points d’apport de l’association Le Relais. Employés pour une durée maximale de deux ans, les salariés y acquièrent des compétences en production, en logistique, en commerce et en e-commerce. Tri d’ d’Union prépare son déménagement vers le pôle d’économie solidaire qu’Emmaüs s’apprête à créer dans la commune voisine de Forbach. D’ici à fin 2018, elle rejoindra une autre entreprise d’insertion, Valor’emm, spécialiste du recyclage des déchets, sur cette plateforme qui totalisera 50 salariés.
Acheminés par des chauffeurs poids lourds, les vêtements sont pesés en entrée et en sortie selon les protocoles de traçabilité définis par l’organisme de certification Eco TC. Les sept opératrices de tri analysent le linge visuellement et au toucher et le dispatchent dans une dizaine de bacs. Conditionné en balles de 400 kilos, le textile est manutentionné par des employés formés au Caces. En bout de chaîne, environ 1 % des vêtements en bon état sont revendus soit en ligne, soit lors de braderies. Les futurs locaux permettront d’ouvrir une friperie solidaire et de développer de nouvelles compétences de vente en boutique.
Tout au long du parcours d’insertion, nous apprenons aux salariés à expliciter leur poste en utilisant un vocabulaire professionnel. Ce descriptif les aide à retrouver confiance en eux et présente l’ensemble des compétences acquises aux futurs employeurs.
Hélène Dunkhorst, directrice de Trait d’Union
Assuré par neuf permanents, l’encadrement englobe la production et l’accompagnement social effectué durant le temps de travail. Eligibles aux contrats d’insertion selon les critères retenus par Pôle emploi, les salariés de Tri d’Union sont âgés de 18 à 62 ans, et ont généralement peu ou pas de diplôme. Un audit confidentiel conduit par la chargée d’accompagnement social et professionnel permet de diagnostiquer les difficultés personnelles des salariés (logement, surendettement ou addiction ou autres problèmes de santé) et de les orienter vers des associations susceptibles de leur venir en aide.
Le volet professionnel consiste à définir non seulement un projet construit en fonction du bagage et des aspirations du salarié, mais aussi un plan B en phase avec la réalité du marché local de l’emploi. Tri d’Union mobilise les rares organismes de formation de l’ancien bassin houiller de l’est mosellan, ainsi que les agences d’intérim et les entreprises de proximité. Les résultats sont au rendez-vous : de 2011 à 2017, les 99 personnes qui ont suivi le dispositif d’insertion de Tri d’Union ont obtenu un taux de sortie positive variant entre 71 et 100 %, soit une moyenne de 86 %. En 2016, 14 % des salariés ont trouvé un emploi en CDI, 36 %, un CDD ou un contrat en intérim, et 50 % se sont orientés vers une formation qualifiante.
Le turn-over nous oblige à un vérifier continuellement les acquis et à baliser de manière très rigoureuse chaque étape du parcours.
Hélène Dunkhorst
Tri d’Union s’est appuyé sur les conseils de l’association Partenaires Superforce Lorraine, constitué de grands groupes mettant leur savoir-faire au service de PME, pour formaliser la formation à la sécurité. La Carsat a cofinancé une étude sur les TMS. Les nouveaux locaux permettront de prévenir ce risque.
Des congés par sécurité
Un contrat d’insertion ne peut en principe être suspendu que pour intégrer un CDI ou un CDD d’au moins 6 mois. En pratique, ces propositions sont rares. Tri d’Union accorde donc des congés anticipés ou sans solde pour permettre aux salariés de saisir une opportunité dans un autre milieu professionnel sans leur faire perdre, en cas d’échec, le bénéfice d’un dispositif d’insertion qui leur assure deux ans de sécurité.
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