La seconde édition du forum « Warum nicht ! », qui s’est tenue ce mercredi à Mulhouse, entend faire sauter le verrou qui sépare les demandeurs d’emplois bas-rhinois d’un marché du travail particulièrement demandeur à Fribourg-en-Brisgau.
4 % de chômage d’un côté, 11 % de l’autre : s’il est un bassin d’emploi franco-allemand où le contraste du marché du travail frappant, c’est bien celui de Mulhouse-Fribourg-en-Brisgau. Le phénomène n’a pas échappé aux services de l’emploi respectifs. Ils développent les initiatives pour faire coïncider l’offre et la demande et augmenter le flux de travailleurs frontaliers entre les deux territoires, situé à 7 400 aujourd’hui.
Parmi ces initiatives, la seconde édition de « Warum nicht ! » s’est déroulée mercredi à Mulhouse. Sous la houlette de la Maison de l’emploi et de la formation du Pays de la région mulhousienne, ce rendez-vous a réuni les acteurs transfrontaliers de l’emploi et de la formation, qui se sont rendus disponibles aux candidats à un job en Allemagne. Principal public visé : les jeunes, dont le bassin de Fribourg-Lörrach manque tant. Sous la pression conjuguée de la croissance économique et du déclin démographie, le taux de chômage s’y est réduit à … 2,2 % en mars 2015.
Sur le plus long terme, Pôle Emploi et son homologue l’Agentur für Arbeit ont constitué un service de placement transfrontalier où leurs conseillers échangent à distance les informations, comme s’ils travaillaient dans le même bureau. En 2014, la première année de fonctionnement s’est soldée par 117 recrutements de demandeurs d’emploi haut-rhinois.
La moitié d’entre eux n’avait jamais travaillé en Allemagne. Un quart (27 %) exercent dans le commerce et la vente, 19 % dans la production industrielle et 12 % dans les services supports.
Jean-Louis Kientz, directeur délégué Haut-Rhin de Pôle Emploi
Ce premier bilan a été jugé suffisamment encourageant pour renforcer le service qui se fixe désormais pour objectif d’augmenter à court terme le nombre de placements de 50 %.
Séniors frontaliers
La proportion des salariés relativement âgés est notable : 64 % des personnes placées ont plus de 45 ans. Deux facteurs expliquent ce phénomène : les salariés sont d’autant plus mobiles que leurs enfants ont grandi et leur génération maîtrise mieux l’allemand que la suivante, devenue nettement moins germanophone.
Le premier critère de sélection demeure la qualification, mais il est vrai que les employeurs attendent aussi une maîtrise de la langue, à un niveau assez élevé : le B2 (nomenclature européenne) fait référence pour un soudeur par exemple.
Norbert Mattusch, chargé des affaires transfrontalières à l’Agentur für Arbeit de Fribourg
La mobilisation s’amplifie toutefois pour résorber une partie de ce problème. Des employeurs allemands organisent des cours cofinancés par les pouvoirs publics. En Alsace, le programme « Allemand pro » du conseil régional a fait ses preuves. Trois ans après son lancement, 320 demandeurs d’emploi et autres stagiaires de la formation professionnelle ont bénéficié dans ce cadre de cours d’allemand courant et technique en fonction du type de métier visé. Par ailleurs, cinq jeunes de la région mulhousienne ont démarré à l’automne 2014 un enseignement à l’allemand préalable à leur intégration dans les centres d’apprentissage de trois entreprises de l’autre côté du Rhin. La formule pourrait se démultiplier.
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