Implanté sur deux sites de production en Lorraine et Rhône-Alpes, le spécialiste des remorques se repositionne sur les engins de haut de gamme.
Cet été, cinquante remorques à semi-plateau assemblées à Lunéville (Meurthe-et-Moselle) ont accosté en Papouasie-Nouvelle Guinée. Commandés par Spiecapag, les engins serviront à acheminer les pièces de gazoduc à travers la brousse.
Depuis notre recentrage, nous ne fabriquons presque plus de pièces de série. Toutes nos commandes sont traitées par notre bureau d’études, de la conception au service après-vente.
Michel Catimel, président du directoire du groupe Trailor ACTM International (TAI)
Ex-directeur de production de plusieurs grands sites lorrains d’équipementiers nationaux, l’ingénieur dirige depuis quatre ans l’immense usine Trailor, qui occupe 115.000 m2 à Lunéville (Meurthe-et-Moselle). Naguère spécialisé dans la production massive de citernes et semi-remorques basiques, l’entreprise de 128 salariés se concentre à présent sur des marchés de niche. Après une décennie tourmentée (voir encadré), le groupe, qui englobe l’usine ACTM (70 salariés à Montélimar, dans la Drôme), s’impose dans les remorques, porte-engins et véhicules spéciaux à forte valeur ajoutée.
Fonte des effectifs
Le site de Lunéville produit à présent le nec plus ultra de la citerne d’essence ou de fioul. Dans l’atelier aluminium, les soudures internes et externes des bidons sont vérifiées par radiographie. Respecté à la lettre, le cahier des charges imposé par Total a fait ses preuves : véritables bombes roulantes, les citernes ont résisté aux chocs, renversements ou accrochages à des ponts. Les services de l’Etat vérifient par ailleurs au litre près le contenu des citernes, d’une capacité comprise entre 32.000 et 42.000 litres. Les citernes destinées aux livreurs de fioul présentent le même niveau de qualité. L’usine produit également des semi-remorques en acier utilisés dans le transport d’engins, de bitume, d’enrochements ou de gravats. Historiquement spécialisée dans les commandes spéciales à l’export, ACTM fabrique depuis Montélimar des porte-engins, porte-satellites et autres porte-rails ultrasécurisés destinés à l’armée, à l’ONU et au CEA.
Impulsée en 2008 par le fonds d’investissement parisien Perceva Capital, spécialisé dans le redéploiement d’entreprises en difficulté, la restructuration s’est traduite par une fonte des effectifs, passés en deux ans de 360 à 210 salariés tandis que le chiffre d’affaires chutait de 43 millions d’euros en 2008 à 18,5 millions d’euros en 2009. Mais le groupe, coté sur le Marché Libre, a retrouvé l’équilibre. Pour accélérer son redéploiement, Perceva Capital, actionnaire majoritaire depuis le printemps dernier, a renforcé le capital de TAI de 10 millions d’euros, dont 3 millions d’euros apportés par les banques régionales de Lorraine et de Rhône-Alpes et 3,5 millions d’euros en provenance du Fonds de consolidation et de développement des entreprises. Ainsi conforté, le groupe vise une croissance de 20 % de son chiffre d’affaires dès cette année et compte doubler son chiffre d’affaires à l’export au cours des trois prochaines années.
Une histoire tourmentée
Initialement spécialisée dans le wagonnage, l’actuelle usine Trailor s’est implantée à Lunéville en 1880, dans la foulée de l’annexion qui privait l’industriel De Dietrich de ses sites alsaciens. Repris par l’américain General Trailer dans les années 1950, le site a prospéré dans la fabrication de citernes. De 2001 à 2006, l’entreprise a connu 4 repreneurs et 2 dépôts de bilan.
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