La plus grande centrale photovoltaïque de France démarrera sa production fin mai. Ce record conforte la fierté des acteurs d’un chantier marathon qui a mobilisé 300 millions d’euros à partir de mars 2011.
En moins d’un an de travaux, EDF Energies nouvelles a transformé l’ancienne base aérienne 136 de Toul (Meurthe-et-Moselle) en une immensité scintillante constituée de quelque 1,5 million de panneaux solaires. Engagé fin 2009, le projet de l’électricien national bénéficiait de tarifs préférentiels compensant le moindre ensoleillement de la Lorraine, à la condition formelle de pouvoir raccorder l’installation au réseau fin mai pour une mise en service progressive cet été.
La centrale solaire de Toul permet d’implanter sur une emprise inutilisée un projet sans risque et bien adapté au territoire. Nous avons finalisé dans les délais non seulement la construction de la centrale, mais aussi le désamiantage et la dépollution du site.
Yvon André, directeur général délégué d’EDF Energies nouvelles
La centrale, qui a mobilisé un investissement de 300 millions d’euros HT, présente une puissance comprise entre 115 et 135 Mwc. Sa production annuelle de 20 MW/h couvrira les consommations de 60 000 habitants, chauffage compris. Les panneaux à couches minces fournis par First Solar occupent environ 120 ha sur une superficie totale de 367 ha. Spécialiste de la connectique, le fabricant Weidmuller a déployé ses systèmes de télésurveillance permettant d’optimiser le rendement des panneaux et de les protéger contre la foudre et les surtensions.
Une mosaïque d’1,5 million de panneaux
Dès l’obtention du permis de construire en mars 2011, a débuté un chantier en mosaïque divisé en 10 tranches. Mandataires des travaux pour un montant global de 55 millions d’euros HT, SLD, filiale lorraine du groupe NGE, Wig France, spécialiste du désamiantage basé à Toul et l’agence lorraine de l’électricien Spie, ont orchestré les travaux de plate-formage, de déconstruction, de pose et de câblage. Coordonné par le bureau d’études Ingérop, le chantier a progressé du sud au nord, puis d’est en ouest, au rythme des démolisseurs et des terrassiers. Sur des tranches distantes de 4 à 5 km, les équipes chargées de la pose des pieux ont immédiatement investi les emprises préparées pour permettre l’installation des panneaux, puis leur câblage.
Guintoli, également filiale de NGE, et le mosellan Lingenheld, se sont réparti 150 000 m3 de terrassements pour aplanir les dénivelés de plus de 10 % qui auraient placé certains panneaux à l’ombre. SLD a pris en charge avec Wig France la déconstruction de 250 bâtiments, réalisé 30 km de piste et creusé 100 km de fouilles. Sous maîtrise d’œuvre d’Envirotech, Wig France, Cardem et leurs cinq sous-traitants ont désamianté 89 bâtiments dont des abris à missiles, une réserve de fioul et des stocks de munitions. Partageant les travaux électriques avec Ineo et Clemessy, Spie a installé 750 km de câbles, posé 1 750 coffrets secondaires et raccordé 750 000 panneaux.
Du soleil et du miel
Atypique par son ampleur et conditionné par une date butoir, le chantier s’est déroulé dans un remarquable esprit d’équipe.
Franck Eve, directeur régional adjoint de NGE
Les 34 entreprises, dont 55 % de sous-traitants régionaux, ont mobilisé jusqu’à 800 salariés, dont un quart en intérim. Pôle emploi et les agences d’intérim régionales ont complété les effectifs.
L’ex BA 136 conservera sa faune et abritera même de nouvelles espèces. Sur la base d’un inventaire réalisé en mars 2010, EDF Energies nouvelles a préservé certains bâtiments abritant des chauves-souris, instauré des îlots de sénescence et constitué des corridors biologiques. Trois tranches surélevées permettront à des troupeaux de moutons de paître sous les panneaux. Le couvert végétal favorise les espèces mellifères et des agriculteurs conventionnés procéderont à des fauches tardives pour laisser prospérer la biodiversité.
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