Le plan de relance accélère les 160 projets hydrogène déposés en début d’année. Industriels et collectivités cherchent à valoriser les ressources dans les ports, les bassins industriels ou les zones rurales selon les besoins de chaque territoire.
Energéticiens, PME et collectivités sont dans les starting-blocks pour gagner les millions d’euros qui vont déferler dans la filière hydrogène via le plan de relance. Le soutien gouvernemental est passé de 100 millions annoncés par Nicolas Hulot au titre du programme Investissements d’avenir en 2018 à 7 milliards d’euros pour les dix prochaines années. Les 160 candidats ayant répondu fin 2019 à l’appel à manifestation d’intérêt pour des projets d’envergure nationale ou européenne ne pouvaient espérer conjoncture plus favorable : le plan de relance accélérera le processus, en débloquant 2 milliards d’euros au cours des deux prochaines années.
Ecosystèmes
Les acteurs de la jeune filière ne pouvaient rêver d’une conjoncture plus favorable.
Les régions ont toujours été en pointe des projets hydrogène, qui apparaît comme une manière de contribuer à la réindustrialisation de la France. Le Covid a de surcroît réveillé l’aspiration à la souveraineté.
Philippe Boucly, président de France Hydrogène
L’association regroupe 200 membres dont tous les énergéticiens et toutes les régions de France. Début janvier, les 160 candidats ont répondu à l’appel à manifestation d’intérêt pour des projets d’envergure nationale ou européenne. Mi-octobre, l’Ademe a calibré ses deux appels d’offres en conséquence. « Briques technologiques et démonstrateurs », qui cible les industriels, mobilisera 350 millions d’euros d’ici à 2023. Ouvert aux collectivités et aux régions, l’appel « Ecosystèmes territoriaux » soutiendra à hauteur de 275 millions d’euros les projets dont la puissance est comprise entre 1 et 20 MW. Les premières clôtures sont prévues ce 17 décembre 2020, puis en mars et juin prochains. L’Ademe ne communique pas encore de chiffres, mais l’impatience est palpable.
Cavités salines
Exemple à Carling, territoire de l’est de la Moselle.
L’hypothèse d’une reconversion par l’hydrogène était dans l’air depuis l’annonce de la fermeture de la centrale à charbon Emile-Huchet en 2018. Le projet s’est structuré à la faveur du pacte territorial signé en début d’année, mais c’est le Plan de relance qui a permis de confirmer et de l’officialiser.
Gaston Adier, maire de Carling et délégué de la communauté d'agglomération Saint-Avold Synergie
Storengy, filiale d’Engie spécialisée dans le stockage du gaz, et Gazel Energie, propriétaire de la centrale, ont signé fin octobre un projet dénommé Emil’Hy. Il vise à implanter en 2023 un électrolyseur d’une puissance de 5 MW, qui permettra d’alimenter quinze bus locaux. La deuxième phase pourrait mobiliser 200 millions d’euros pour fournir aux industriels et aux collectivités mosellanes, sarroises et luxembourgeoises une production d’électrolyse comprise entre 50 et 100 MW. Seul projet transfrontalier de France, Emil’Hy s’appuie sur un réseau existant que GRDF compte réactiver dans le cadre du projet MosaHyc . Storengy se propose d’entreposer le surplus dans une cavité saline de Meurthe-et-Moselle, qui serait raccordée à Carling.
Dans un premier temps, nous ciblons les usages de mobilité verte et de décarbonation de l’industrie locale. Une fois les premiers mégawatts installés, nous élargissons notre offre aux usages industriels plus massifs.
Cécile Prévieu, directrice générale de Storengy
Spécialiste du stockage de gaz naturel, notamment dans des cavités salines, l’entreprise est partenaire d’une vingtaine de projets de stockage d’hydrogène dans la France entière. Trois d’entre eux sont déjà engagés : HyBer, pour alimenter les bus de Châteauroux (Indre), Hycologie, pour valoriser la chaleur fatale d’une usine chimique à Thann (Haut-Rhin) et H2 Bordeaux, qui traitera la saumure du port par électrolyse en partenariat avec le chimiste Nouryon.
Terreau propice
Les projets s’adaptent aux ressources et aux besoins des territoires. Dans la vallée du Rhône, Hympulsion vise à implanter vingt stations alimentant des véhicules légers à partir d’hydrogène « vert ». Les sites industriels et portuaires, comme au Havre, à Dunkerque ou à Fos-sur-Mer, cherchent à valoriser les chaleurs ou les énergies émises par les usines. Dans des territoires plus ruraux, ils peuvent se coupler à des projets photovoltaïques tels « HyGreen Provence ». Engie et Hynamics, la toute jeune filiale hydrogène d’EDF, se posent en pionniers de cette énergie nouvelle. Les industries sidérurgiques ou chimiques, mais aussi les équipementiers automobiles tels Michelin et Faurecia postulent aux consortiums.
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