Patrick Weiten, le président du conseil général de la Moselle fait bâtir une immense vitrine de la Chine en Europe : TerraLorraine, à Illange. Un site de 130 hectares, 2 000 entreprises, 3 000 emplois prévus dès 2014. 150 millions d’euros d’investissement, sans un seul centime d’argent public.
Ancien joueur de volley et de tennis, Patrick Weiten aime les coups décisifs. Moins d’un an après son arrivée à la tête du conseil général de la Moselle, il concrétise, avec la future base arrière de la Chine, TerraLorraine, à Illange, une stratégie industrielle instaurée par son prédécesseur voici plus de dix ans.
TerraLorraine est un centre d’affaires d’un nouveau genre, une vitrine de la Chine en Europe qui sera bâtie sur un site de 130 hectares à Illange, sur la rive de la Moselle, quelques kilomètres au sud de Thionville. Destiné à faire connaître les entreprises chinoises aux décideurs européens, TerraLorraine organisera 40 expositions internationales par an et rassemblera les sièges sociaux et les services commerciaux d’industries manufacturières chinoises.
Dans un deuxième temps, la base accueillera chaque jour 500 conteneurs de produits made in China, générant de nouvelles activités d’assemblage, de conditionnement, de logistique et de services après-vente.
Aux portes de l’Allemagne et du Luxembourg
Les PME chinoises cherchaient depuis deux ans une porte d’entrée sur les marchés du nord de l’Europe. Seul département français en capacité de proposer une base multimodale portuaire de 130 hectares disponible et aménagée, la Moselle a également bénéficié de son positionnement frontalier avec l’Allemagne et le Luxembourg.
Le fonds d’investissement international Comex Holdings, basé au Luxembourg, conduit le projet, dont les travaux démarreront en septembre prochain pour une durée de dix-huit mois. ingénieur forestier opiniâtre et patient, Philippe Leroy avait gelé deux mégazones de premier choix dans l’attente d’un investissement majeur et orchestré une pêche au gros en direction de prospects asiatiques.
Urbaniste et ancien chef d’entreprise, Patrick Weiten, son successeur à la présidence du conseil régional, a décroché la mise en dix jours de mission à Pékin en octobre dernier.
J’ai découvert en Chine un gigantisme, un dynamisme et une ambition que je n’imaginais pas. J’en suis revenu convaincu de la nécessité de structurer l’Europe au lieu de se placer en position de repli , affirme l’élu.
Patrick Weiten
Sous son impulsion, la Moselle est passée à l’action. La mise en chantier des 230 000 mètres carrés de hall d’exposition et de bureaux qui accueilleront 2 000 entreprises chinoises débutera dès l’automne. Le conseil régional et les chambres consulaires anticipent le recrutement et la formation des quelque 3 000 salariés prévus dès la première phase, en 2014. Aux sceptiques, Patrick Weiten rappelle que l’investissement d’un montant de 150 millions d’euros, soutenu par Ubifrance, ne comporte pas un centime d’argent public. il renvoie aussi dans les cordes ceux qui lui reprochent de faire entrer le loup dans la bergerie.
Si le projet s’était implanté en Belgique ou en Allemagne, nous en aurions subi tous les inconvénients sans en tirer aucun avantage. L’implantation de TerraLorraine permettra à nos entreprises de se positionner sur le marché chinois qu’elles n’auraient pas pu aborder autrement.
Pur produit du Nord mosellan, ex-bastion sidérurgiste converti en vivier de main-d’oeuvre du Luxembourg tout proche, Patrick Weiten revendique trente-huit ans de fonction publique territoriale depuis son premier poste aux services techniques municipaux de Yutz, sa ville natale. successivement PDG de la société d’économie mixte locale puis dirigeant d’une entreprise de réseaux, il a mis fin à ses activités privées lors de son élection à la présidence de la communauté d’agglomération Portes de France-Thionville, en 2008. Dans un contexte alors marqué par la fin tragique de l’ancien député-maire UMP de la ville, qui tua sa compagne avant de se suicider, Patrick Weiten a imposé sa carrure, son calme et son sérieux.
Je ne suis pas tueur outre mesure. En politique, il y a le temps de l’élection et celui de la gestion. La compétition ne m’a jamais fait peur, mais je ne me connais pas d’ennemi et je demande à être jugé comme un chef d’entreprise, sur mon bilan.
Elu sans étiquette mais soutenu par la droite locale, à la tête d’un département de plus d’un million d’habitants, Patrick Weiten compte sur ses appuis parisiens pour obtenir d’indispensables aménagements routiers. en revanche, il ne se berce pas d’illusions quant à l’efficacité de l’action politique pour contraindre ArcelorMittal à sauver Florange et Gandrange. L’élu n’a pas l’âme d’un tribun, n’a jamais brigué le mandat de député et concentre son action sur la Moselle.
« Je vois les choses avec les pieds »
Lors de sa première année de mandat, il a parcouru les 51 cantons industriels, agricoles ou forestiers et rencontré chacun des quelque 700 maires pour prendre la mesure d’enjeux très divers.
On ne plaque pas une même politique départementale sur des territoires différents. Je vois les choses avec les pieds. Après, on ne me la raconte pas.
Décidé à conforter le rayonnement de la Moselle face à ses grands voisins – La Sarre et le Luxembourg, l’Alsace et les partenaires du récent pôle métropolitain du sillon lorrain -, le président du conseil général pourrait bien étendre cette ambition à la Lorraine tout entière.
--Télécharger l'article en PDF --