Retraité de la police nationale, musicien et chanteur, Sylvain Teutsch a présidé durant près de 20 ans le Chœur d’hommes de Hombourg-Haut (Moselle). En 1995, il a fondé l’Institut Gouvy, implanté dans la maison où le compositeur vécut durant 30 ans, pour rendre hommage à l’un des musiciens les plus importants de son époque. Cette année, le 200ème anniversaire de la naissance de Théodore Gouvy conférera une visibilité internationale à ce personnage fédérateur de la Grande Région.
La collégiale Saint-Etienne de Hombourg-Haut programme ce dimanche 31 mars 2019 un concert consacré à Beethoven, Gounod et Gouvy. Quels musiciens et quel public Théodore Gouvy attire-t-il aujourd’hui ?
Gouvy a laissé une œuvre particulièrement riche et variée, qui intéresse plusieurs catégories de musiciens. Les puristes sont fascinés par la musique de chambre, qui représente les deux tiers de son œuvre. Le concert de dimanche sera interprété par le quatuor à cordes Elysée, mondialement connu, qui défend Gouvy dans tous les festivals spécialisés et lui a même consacré un CD complet ! Mais il y a aussi 24 œuvres pour grands orchestres, neuf symphonies, quatre oratorios profanes, de grandes œuvres religieuses et deux opéras…. Dans la Grande Région, Gouvy est joué par l’Orchestre national de Lorraine, la Deutsche Radio Philharmonie, l’orchestre philharmonique de Strasbourg ou encore, l’orchestre de Sarre et l’orchestre philharmonique royal de Liège.
Dans la proche région, il n’existe pas de véritable public pour la musique de chambre, considérée à tort comme élitiste. Dans l’est mosellan, ce sont les concerts symphoniques et les chorales qui attirent le plus.
Quels autres temps forts prévoyez-vous durant cette année de commémoration ?
L’année Gouvy aura une dimension internationale. Dans la région, le clou de l’année sera le concert du 4 juillet prochain, au lendemain du 200ème anniversaire de la naissance de Théodore Gouvy, avec la cantate inédite Aslega, un véritable opéra de poche qu’il avait composée d’après une légende scandinave. Cette œuvre, que nous avons disséquée avec Jacques Mercier, ancien directeur de l’Orchestre national de Lorraine, sera interprétée par 3 solistes, 70 musiciens et 90 choristes. Le Collegium Vocale de Blieskastel, en Sarre, et le chœur du conservatoire d’Esch-sur-Alzette y apporteront une touche transfrontalière.
Il y aura six concerts à Hombourg-Haut d’ici à la fin de l’année, mais aussi des dizaines d’autres dans la Grande Région, en Europe et mais aussi en Corée, au Brésil et au Japon ! Nous prévoyons également un colloque à Paris, en partenariat avec les universités parisiennes de la Sorbonne et Diderot, l’université de Lorraine et celle de Sarre.
Hormis la musique, quel héritage Gouvy a-t-il laissé ?
L’histoire de sa famille recoupe est très symbolique et recoupe celle de la Grande Région. Sa famille, originaire de Wallonie, s’est installée en Sarre en 1735. Théodore Gouvy est né à Goffontaine, devenu le quartier sarrebruckois de Scharfbrucke, dans une Sarre qui venait juste d’être rattachée à la Prusse. Son frère Alexandre, qui avait racheté en 1850 les usines de Wendel à Hombourg-Haut, devenue allemande après 1870, a ouvert un autre site à Dieulouard, en Meurthe-et-Moselle,en 1872 pour continuer à détenir une usine française et une usine allemande. Le Chœur d’hommes de Hombourg-Haut constitue d’ailleurs un héritage vivant de la famille Gouvy, qui avait institué une chorale pour ses ouvriers et ses employés.
Quel sera le rôle de l’institut Gouvy au-delà des commémorations de l’année 2019 ?
Prioritairement axé sur Théodore Gouvy, notre travail comporte l’organisation d’un festival qui lui est dédié, une partie historique et musicologique, ainsi qu’une activité d’édition et de réédition. La famille du compositeur a mis à notre disposition tout son fonds musical, soit 300 œuvres dont la moitié est inédite, mais aussi la partie retrouvée de sa correspondance. Il reste un gros travail à faire.
Nous sommes une petite équipe constituée de bénévoles français et allemands et d’une salariée. Nous sommes soutenus par la Ville de Hombourg-Haut, propriétaire de la maison Gouvy, et par une vingtaine de financeurs et sponsors dont le département de la Moselle, le Grand Est et ponctuellement la Drac. Le Land de Sarre, qui vient de prendre la présidence de la Grande Région, nous encourage à poursuivre nos travaux pour faire de la Villa Gouvy un véritable centre culturel grand-régional.
Propos recueillis par Pascale Braun
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