Lors de la fête de la nature du week-end des 21 et 22 mai 2016, les promeneurs strasbourgeois ont pu visiter la spectaculaire passe à poissons construite par EDF pour un montant de 19 millions d’euros. En contournant l’usine hydroélectrique, les saumons et autres grands migrateurs franchissent une nouvelle étape dans la course au long cours qui doit les voir atteindre Bâle en 2020.
EDF a inauguré le 19 mai 2016 un ouvrage de grande envergure et de haute technicité pour permettre aux poissons de contourner la centrale hydroélectrique de Strasbourg. Une rivière à double entrée de 500 mètres de longueur leur assure une transition paisible entre l’amont et l’aval. Les remous d’une microturbine de 1,5 MW attirent les saumons et autres grands migrateurs qui s’engagent dans la voie centrale, puis franchissent deux séries de marches de 20 cm de hauteur pour franchir 13 mètres de dénivelé. Cofinancés pour un tiers par l’agence de l’eau Rhin-Meuse, les travaux d’un montant de 19 millions d’euros, études comprises, ont requis 20 000 heures d’ingénierie interne et deux ans de travaux. Un dispositif vidéo permet d’identifier et de compter les passagers invertébrés.
La passe à poissons de Strasbourg s’inscrit dans l’objectif, acté par la Commission internationale du Rhin supérieur, de libérer la voie d’eau pour permettre aux saumons de remonter jusqu’à Bâle en 2020.
Bruno Allex, responsable Communication de la division Ingénierie hydraulique de l’unité de production Est d’EDF
Le projet s’est concrétisé par la création d’une première passe à poissons à Iffeztheim en 2001, puis à Gambsheim en 2006. Il se poursuivra par la création d’un quatrième ouvrage à Gerstheim d’ici à 2018. A partir de Rhinau, EDF envisage de créer un « piégage transport », grande nasse tractée par bateau qui conduira directement les migrateurs jusqu’à Brisach. Au niveau du Vieux Rhin, une dernière passe à poisson leur ouvrira un accès libre jusqu’à Bâle et au-delà.
Salmo Salar is (nearly) back
Au début du XXème siècle, un million de saumons traversaient le Rhin chaque année pour regagner les Alpes suisses au retour d’un grand voyage qui les avait conduit jusqu’au Groendland. Dans les années 50, la dégradation de la qualité de l’eau et surtout, la construction des barrages au long du fleuve, leur a barré la route. En 1991, la Commission internationale de protection du Rhin (CIPR) a décidé de réintroduire le saumon du Rhin (Salmo Salar), ou plutôt, son proche cousin de la Loire, la souche génétique originelle n’existant plus. Les passes à poissons des centrales hydroélectriques d’Iffezheim et de Gambsheim leur permettent de remonter le fleuve jusqu’à Strasbourg, mais huit autres grands barrages français du groupe Électricité de France (EDF) leur bloquent la route jusqu’à la Forêt Noire et la Suisse.
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