Ancien directeur d’usines, Stéphane Fauth a été confronté à l’ergonomie des postes de travail. Repreneur de Norcan, il a développé une gamme de robots qui soulage le quotidien des opérateurs. Il est le lauréat 2019 du Prix de l’entrepreneur* de l’année pour la région Grand Est.
Pour son édition 2019, le Prix des entrepreneurs du Grand Est* consacre à la fois la pugnacité d’un repreneur et l’avant-gardisme d’un passionné de robotique. Diplômé de l’Ecole nationale supérieure d’arts et métiers (Ensam, aujourd’hui ParisTech), Stéphane Fauth a cumulé trois décennies d’expérience dans l’industrie avant de s’engager dans l’entreprenariat. En 2012, il jette son dévolu sur Norcan , une PME de Haguenau (Bas-Rhin) spécialisée dans les structures de machines, chariots, postes d’atelier et autres convoyeurs utilisés dans tous segments de l’industrie, de la logistique et de l’e-commerce.
Norcan m’a passionné par la diversité industrielle qu’elle impliquait. La société correspondait à la limite haute des fonds que je pouvais réunir, et je savais qu’il était temps de franchir le pas de l’entrepreneuriat.
Stéphane Fauth
La cession de cette société familiale , qui comptait alors 90 salariés, n’a rien d’une une simple formalité. Il faudra deux ans au candidat pour constituer une équipe de quatre cadres dirigeants, affiner son projet et réunir, auprès d’Alsace Capital et du lyonnais Siparex, les fonds qui lui permettront de prendre le contrôle de Norcan en juillet 2014.
Ayant dirigé, entre autres, le site de Bombardier à Crespin (Nord) et une usine de 2.400 salariés d’Alstom à Salzgitter, en Allemagne, Stéphane Fauth était rompu aux exigences industrielles.
J’ai toujours été confronté aux questions de fluidification des flux, de méthodes de production, de maintenance. Mais il y a une grande différence entre la position d’un cadre, même supérieur, et celui d’un dirigeant responsable de tous les aspects de l’entreprise, et dont chaque décision aura un impact sur les résultats.
Stéphane Fauth
Pour parfaire ses connaissances en ingénierie financière, il s’est appuyé sur le cabinet d’audit FL Finance et développement, qui l’a accompagné dans un LBO primaire, puis secondaire . Norcan appartient aujourd’hui pour 56 % à l’équipe dirigeante, aux côtés de bpifrance, des fonds régionaux et de quelques autres managers. La société, qui compte désormais 150 salariés, a enregistré une progression annuelle de 3 à 5 % depuis sa reprise et affichait en 2018 un chiffre d’affaires de 21 millions d’euros, dont un quart à l’export.
Un robot autonome collaboratif
Développé par Norcan en 2018, un robot collaboratif dénommé Sherpa s’apprête à pousser l’entreprise dans une nouvelle dimension. Facilitant la tâche des opérateurs au bord des lignes de production, sur les quais de chargement logistiques ou dans les entrepôts de l’e-commerce, ce nouveau-né de la famille des AMR (Autonomous mobile robot) présente un tel potentiel que Stéphane Fauth entend lui dédier une société indépendante. D’ici à la fin de l’année, Sherpa mobile Robotic commercialisera à l’échelle mondiale cinq types de robots destinés à porter des bacs et des palettes, à tirer des chariots, à soulever des étagères ou à exécuter des tâches plus complexes. Norcan assemblera une partie de ce matériel, mais Sherpa mobile Robotic comptera d’autres partenaires et s’appuiera sur un réseau d’intégrateurs pour populariser ses robots en Europe, aux Etats-Unis et dans d’autres continents.
« L’idée première a été de libérer les mains des préparateurs de commande ou des opérateurs. Quand nous construisons du matériel, nous ne perdons jamais de vue ceux qui l’utilise. Ce souci sociétal est parfaitement en phase avec le développement de la robotique et du lean et correspond à l’évolution très rapide du monde industriel d’aujourd’hui. »Stéphane Fauth.
Le dirigeant observe cette mutation dans ses propres équipes, dont les membres déploient une intelligence collective de plus en plus efficace.
* Le prix de l’entrepreneur de l’année est organisé par EY, en partenariat avec HSBC, Verlingue, Steelcase et bpifrance.
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