Après le rachat du pôle Rhône-Alpes de la Socpresse avec « l’Est républicain », la banque revendique une « vision à long terme » dans la presse.
C’est officiel
L’Est républicain, en partenariat avec le Crédit Mutuel, a confirmé hier le rachat des journaux de Rhône-Alpes et de Bourgogne de la Socpresse (Dassault). Avec plus de 1,1 million d’exemplaires, l’Est républicain devient le nouveau numéro un de la presse régionale, détrônant le breton Ouest France. Mais ce vent de concentration inquiète les salariés des titres concernés. L’opération doit par ailleurs encore recevoir le feu vert des autorités de la concurrence et des observateurs estiment qu’elles exigeront la revente de certains titres. L’Est républicain s’est associé au Crédit Mutuel Centre Est Europe, mais ni le montant de l’opération ni le schéma capitalistique n’ont été dévoilés. De sources bancaires, Dassault récolterait 285 millions d’euros de cette vente et le pôle Rhône-Alpes (3.000 salariés) serait à terme détenu à 49 % par le Crédit Mutuel et à 51 % par le groupe Est Républicain. La banque qui connaît bien la presse – elle détient 80 % de l’Alsace – explique son engagement aux côtés de L’Est Républicain par « une vision à long terme », a expliqué un porte-parole à La Tribune.
Apports en fonds propres
Fort de 16 milliards d’euros de fonds propres et s’apprêtant à publier de confortables bénéfices pour 2005, le Crédit Mutuel Centre Est Europe affirme ne pas être inquiet de l’endettement cumulé de L’Est Républicain – 45 millions d’euros – et du pôle lyonnais et bourguignon de Socpresse – 200 millions d’euros. La banque précise que l’accord « ne portera pas sur un prêt à L’Est Républicain, mais sur des apports en fonds propres ».
Le Crédit Mutuel, qui se positionne en tant qu’opérateur de toute la presse quotidienne du Grand Est, doit préciser ses intentions : agit-il en tant que banquier classique ou en tant que gestionnaire de presse ?
Michel Frison, élu SNJ-CGT aux Dernières Nouvelles d'Alsace
L’Est républicain, présidé par Gérard Lignac dont la famille détient une minorité de blocage avec 33 % du capital, ne cache pas son intention de « constituer un grand groupe de presse quotidienne » tout en promettant de « préserver l’identité » des régions concernées. Mais ce discours ne rassure pas les salariés. Et les syndicats de dénoncer cette « inacceptable concentration ». Beaucoup s’interrogent aussi sur le rôle joué par France Antilles, le groupe de presse de la famille Hersant qui détient 27 % de l’Est républicain.
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