Mercedes-Benz va consacrer 500 millions d’euros à son usine de Hambach en Moselle pour la dédier aux véhicules électriques. En 2024, le site emblématique de la Smart pourrait ne plus produire que des modèles Mercedes.
Six mois après l’annonce, par Mercedes-Benz, du choix de Hambach (Moselle) pour construire le futur modèle SUV de Mercedes, les salariés de Smart France ont pris connaissance du détail de l’investissement de 500 millions d’euros qui fera passer le site mosellan au tout-électrique. Fin novembre, Serge Siebert, PDG de Smart France, a dévoilé en comité central d’entreprise extraordinaire un projet d’extension sur 70.000 mètres carrés qui permettra d’implanter une deuxième ligne de production. L’atelier de montage en forme de croix historiquement affecté au montage de la Smart sera réaffecté aux modèles de Mercedes, qui y assemblera dans un premier temps 30.000 véhicules SUV, l’équivalent électrique de la Classe A.
En 1997, le cabinet francilien SLA Architecture, qui a réalisé les plans de Smartville sur une emprise de 68 hectares, a intégré dès leur conception l’hypothèse d’une extension. La nouvelle ligne de 11.000 mètres carrés dédiée à l’assemblage des Smart Fortwoo s’inscrira dans le prolongement de la ligne actuelle. Le « paintshop » de 26.000 m2 qui assurera la mise en peinture des modèles Smart et Mercedes prendra place à l’arrière des bâtiments existants. Un atelier de ferrage de 33.000 m2 sera construit à l’entrée du site. Mise en ligne le 10 décembre dernier, l’enquête publique doit permettre la délivrance des permis de construire et le démarrage des travaux au printemps prochain.
Fierté et sueurs froides
C’est une fierté pour nos territoires d’accueillir la production de la première Mercedes-Benz en France.
Jean Rottner, président du conseil régional du Grand Est
Le montant de l’investissement – le plus important depuis la création du site en 1997 – rassure les collectivités, qui ont vécu depuis vingt ans au rythme saccadé des bonnes nouvelles, mais aussi des incertitudes et des conflits.
Depuis vingt ans, nous vivions des sueurs froides à chaque fois qu’un modèle de la Smart arrivait en fin de vie. Les annonces de cet automne me semblent pérenniser le site pour deux décennies au moins.
Roland Roth, président de la communauté d'agglomération Sarreguemines Confluences
Pacte 20/20
La direction de Smart France a rappelé que sa maison mère honorait, par ce nouvel investissement, l’engagement figurant dans le pacte 20/20. Signé dans la douleur début 2016, l’accord garantissait l’emploi durant cinq ans au moins, moyennant le passage aux 39 heures payées 37, avant un retour progressif aux 35 heures programmé en 2021.
Mais le pacte, qui devait accompagner la montée en puissance du modèle Fortwo, s’est heurté à une réalité commerciale en demi-teinte. La smart de troisième génération, réalisée en partenariat avec Renault, n’a jamais atteint son objectif de 100.000 véhicules par an et plafonnera cette année à 89.000 voitures.
L’accord 20/20 n’aura servi qu’à augmenter le coût du véhicule en imposant des heures supplémentaires inutiles, tout en imposant une modulation de la production qui fatigue beaucoup les salariés.
Patrick Hoszkowicz, délégué syndical central CFDT de Smart France
La fin du thermique
Les trois quarts de la production concernent le modèle thermique, dont la production atteindra un pic au cours du premier semestre 2019, avant de s’arrêter. Le site de Hambach se consacrera alors entièrement aux véhicules électriques, dans des volumes encore incertains. Mercedes s’est engagé sur un volume de 30.000 véhicules SUV par an, auxquels pourraient s’ajouter un certain nombre de modèle GLA électriques.
« Le projet industriel se mettra en place dès le début 2019, mais il subsiste beaucoup d’incertitudes sur le volume de véhicules à produire et sur l’accueil que le marché réservera aux Mercedes électriques. Quant à la Smart, nous n’avons connaissance d’aucun projet de nouveau modèle après 2024 »,Samir Boualit, secrétaire général CGT de Smart.
L’usine mosellane, qui a produit 2 millions de l’emblématique petite voiture imaginée par Nicolas Hayek, pourrait devenir une usine française de Mercedes.
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