Le potentiel de la fintech a convaincu les investisseurs messins, qui ont apporté 2,6 millions d’euros à sa deuxième levée de fonds.
La météo émotionnelle boursière restait à inventer. Trois jeunes diplômés, Sylvain Forte et Florian Aubry, ingénieurs, et Pierre Rinaldi, issu du monde bancaire, s’en sont chargés en créant, fin 2014 à Metz, la fintech SESAMm, pionnière de l’e-réputation des entreprises cotées en Bourse. Pour détecter sur le web les informations utiles aux investisseurs, les trois associés se sont d’abord plongés dans les posts de Twitter et de Facebook, avant d’acheter à des fournisseurs spécialisés des données émanant de 250.000 sources publiées en huit langues, dont le chinois et le japonais. La start-up messine extrait de ces millions de données des indicateurs prédictifs sur l’évolution de 10.000 actifs. Passées au crible de ses algorithmes internes, sociétés cotées, parités monétaires, matières premières ou cryptomonnaies livrent le secret de l’appréciation des foules, une donnée que les investisseurs ne trouveront nulle part ailleurs.
Nous sommes les seuls au monde à apporter cette analyse à la fois large et profonde qui permet aux gestionnaires d’actifs de mesurer les émotions. L’enthousiasme, la surprise, la peur ou la colère qui émergent sur les réseaux sociaux se répercutent immanquablement dans les indices boursiers quelques jours plus tard. Ces indicateurs constituent des éléments de compréhension et de stabilisation.
Sylvain Forte, président de SESAMm
Du krach aux tweets de Trump
En quatre ans d’existence, la start-up a synthétisé nombre d’émotions fortes, du krach de la Bourse de Shanghai en 2015 à l’envol de l’indice américain S & P 500, en passant par les tweets de Donald Trump et les montagnes russes du bitcoin. La pertinence de ses prédictions a convaincu de gros gestionnaires d’actifs français et étrangers. La start-up leur propose un abonnement à la plate-forme l’Humeur des marchés, qui synthétise les perceptions sous forme de graphiques, ou des services plus poussés comprenant formation, interfaçage et adaptation aux méthodologies internes.
Des fonds français et luxembourgeois
SESAMm tait son chiffre d’affaires, mais indique avoir atteint son seuil de rentabilité fin 2017. Attirée à Metz par un réseau d’accompagnement efficace qui lui a apporté 1 million d’euros dès son démarrage, la start-up vient de boucler un second tour de table de 2,6 millions d’euros. Investisseurs de la première heure, le Fonds Venture numérique lorrain et bpifrance ont remis au pot. Les antennes régionales de la Caisse d’épargne et de la Banque Populaire, le fonds Pôle Capital et des investisseurs suisses et luxembourgeois ont complété le tour. SESAMm compte à présent procéder à une quinzaine de recrutements sur ses sites de Metz, Paris et Luxembourg et annonce l’ouverture, à la prochaine rentrée, d’une succursale à Londres. A moyen terme, la start-up vise un déploiement international pour amplifier à l’échelle mondiale l’écho des émotions des marchés.
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