Urbanisme commercial
Sarrebruck instaure une épine dorsale commerciale au long de la Sarre
De l’entrée de gamme au grand luxe, la vaste offre commerciale de Sarrebruck place déjà l’agglomération parmi les grands pôles d’attraction régionaux au même titre de Metz, Nancy, Trèves, Luxembourg ou Mannheim. La reconfiguration de la Berliner Promenade, qui débutera ce printemps, posera les jalons d’un vaste plateau piétonnier reliant les bords de Sarre, la rue de la Gare et le marché Sankt-Johannes. Jadis très prisée, la Berliner Promenade, qui longe la Sarre, a vu habitants et commerces refluer à mesure que l’autoroute urbaine qui borde l’autre rive augmentait ses nuisances sonores. L’activité s’est reportée sur la rue de la Gare, piétonnière depuis 10 ans, qui constitue aujourd’hui l’artère la plus commerçante de Sarrebruck. Lancé par la ville courant 2004, un concours d’idées a retenu mi-2006 le projet présenté par quatre équipes d’architectes et d’urbanistes sarrebruckois, Lukas & Lukas, Krüger & Krüger – Birnbaum, Arge Focht, Shauss, Hepp & Zenner et Wandel Hoefer Lorch.
La Berliner Promenade sera scindée en deux niveaux. La partie inondable abritera des parkings intégrés et des équipements de loisirs – bancs publics, pistes de skate et de roller et pistes cyclables. En face du pont Wilhem-Heinrich, un large escalier descendra jusqu’à la rivière. Au niveau supérieur, des commerces, restaurants et salons de thés constitueront une seconde promenade en balcon. Les trois ruelles qui relient les berges à la rue de la Gare seront couvertes et transformées en galeries commerciales. Cofinancé par la Ville, le Land de Sarre, l’Etat fédéral et les fonds européens, le programme mobilisera un investissement de 18 millions d’euros d’ici à 2010.
Ce projet de revitalisation, qui s’accompagne d’un programme d’assainissement et d’une révision du plan d’occupation des sols, a intégré dès son lancement la concertation et le dialogue avec les commerçants, les propriétaires fonciers et les riverains de l’hypercentre. Ce volontarisme a valu à Sarrebruck d’être retenu parmi cinq autres villes par le programme fédéral Experimenteller Wohnungs- und Städtebau (ExWoSt).
«Cette sélection parmi une trentaine de villes candidates apporte une impulsion supplémentaire en conférant à notre projet une dimension de recherche », souligne Monika Kunz, architecte, directrice de l’urbanisme de la ville de Sarrebruck et chef du projet Berliner Promenade.Concomitant au projet public, l’investissement programmé par la banque Crédit suisse Asset Management dans les SaarGaleries apportera une touche finale à la reconfiguration commerciale de la ville. Peu fréquentées, car mal aménagées et enclavées à l’ouest de la gare, les galeries de 8 000 m2 sont reliées à l’ancienne direction des houillères de la Sarre. Ce bâtiment, classé monument historique, conservera sa façade, ses mosaïques et son monumental escalier. Le projet, réalisé par le promoteur hambourgeois ECE, mobilise un investissement de 100 millions d’euros et portera la surface de vente du nouvel ensemble à 17 000 m2. Essentiellement dédié au textile et à la mode, le nouvel espace comportera une centaine de points de vente.
Grandes surfaces
Deux méga-centres commerciaux en suspens dans l’Est mosellan
De dimension comparable, rayonnant sur la même zone de chalandise et visant la même clientèle, les deux grands projets commerciaux de l’Est mosellan, respectivement situés à Gaubiving, près de Forbach, et à Farébersviller, à 30 km de Sarreguemines, ne sont pour l’heure parvenu qu’à se contrer mutuellement. Associant le groupe Bouygues Immobilier et la société d’économie mixte Fare développement, le projet combinant centre commercial et zone de loisirs de 30 ha sur la zone du Buehl, sur le ban de la
communauté de communes de Freyming-Merlebach, a connu maints déboires – retrait du groupe Bouygues, vives critiques de la cour des Comptes quant à la gestion financière de la SEM. Spécialiste des parcs d’affaires, centres commerciaux et projets multifonctionnels, la société Codic a repris le projet et mandaté l’architecte Michel Macary pour concevoir une zone commerciale dotée d’un hyper de 3 000 m2 et d’un parc de loisirs à Farébersviller. Aucun échéancier n’est cependant avancé.
Dans l’agglomération de Forbach, les soucis de l’hypermarché Cora, confronté à des affaissements miniers, ont bien failli constituer l’élément déclencheur de l’aménagement d’une zone commerciale de 60 ha sur l’espace Gaubiving-Volkling. Le déménagement-extension de l’hyper aurait permis la réalisation d’une galerie marchande de 6 000 m2 et l’implantation de moyennes surfaces spécialisées sur 25 000 m2. Le projet, qui devait générer 1 500 emplois, s’est
heurté à la vive opposition des commerçants du centre-ville ainsi qu’à la classification de certaines zones de Gaubiving en espaces naturels protégés.Cora a finalement choisi de conforter ses fondations sur son site actuel de l’Ouest de Forbach. La période pré-électorale a contribué à mettre le projet de Gaubiving en sommeil. A moyen terme, la création d’une, voire de deux nouvelles zones commerciales de périphérie dans l’agglomération Sarre-Moselle Est semble néanmoins inéluctable et nécessaire.
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