Charlotte Britz, maire de Sarrebruck
Parcours
1958 : Naissance à Ottweiler (Sarre) 1984 : Thérapeute pour élèves en difficulté de l’agglomération de Sarrebruck, puis chargée de l’exécution des décisions de justice au ministère des Affaires sociales de la Sarre. 1991 : intègre la division Femmes du ministère de la Femme, du travail, de la santé et des affaires sociales de Sarre. 1996 : chef du service de l’agglomération de Sarrebruck 2004 : élue maire de Sarrebruck. Avril 2007 : Obtient le « Canard d’or », trophée décerné par la conférence régionale de la presse pour sa proximité avec les habitants et le volontarisme de son action communale. Juin 2007 : vice-présidente du SPD (parti socialiste) de Sarre.
Notre identité transfrontalière constitue notre force
La ville de Sarrebruck multiplie les projets d’urbanisme, dont le montant total dépassera 350 millions d’euros d’ici à 2015. Ces réalisations s’inscrivent-elles dans une dimension transfrontalière ? Certainement. Notre schéma directeur positionne Sarrebruck au sein de l’agglomération Sarre-Moselle-Est, puis dans le cadre de l’espace Sarre-Lorraine-Luxembourg. C’est à cette échelle que nous raisonnons lorsque nous posons les jalons d’une ville à la fois verte et urbaine, proposant un habitat dense et adapté, une offre culturelle de qualité et un tissu économique attractif. Sarrebruck, dont le signifie littéralement Pont de la Sarre, constitue également une passerelle entre l’Allemagne et la France. Notre identité transfrontalière constitue notre force. Nous voulons imposer cette spécificité binationale tant vis-à-vis de l’Etat fédéral que sur le plan européen, car c’est elle qui nous permet de nous singulariser. Depuis six mois, le TGV Est européen et sa jonction avec l’ICE à Sarrebruck ont contribué à imposer notre rôle de vitrine franco-allemande.Comment la coopération s’articule-t-elle entre la ville de Sarrebruck d’une part, les intercommunalités est-mosellanes et le conseil général de la Moselle d’autre part ? Tous les partenaires sont conscients de la nécessité de s’allier pour faire émerger l’agglomération transfrontalière. Ainsi, Charles Stirnweiss, le maire de Forbach, s’est-il mobilisé à nos côtés pour que notre projet phare, Stadtmitte am Fluss (la ville au bord de l’eau), obtienne le soutien de Bruxelles. Nous sommes l’un et l’autre convaincus que ce qui renforce Sarrebruck renforce Forbach et inversement.
L’association Zukunft Sarre-Moselle Avenir joue également un rôle essentiel dans la concrétisation de projets transfrontaliers, notamment dans le domaine touristique et culturel. La volonté politique ne fait pas défaut. Ce sont les obstacles financiers qui constituent le principal frein au développement de l’agglomération Sarre-Moselle Est. Ainsi, la Sarre n’a pas encore pu apporter sa contribution financière aux premiers programmes de coopération métropolitaine, alors même que nos partenaires français l’ont déjà financé à hauteur de 3,5 millions d’euros.
Quels sont pour vous les réussites et les points faibles de la coopération entre Sarrebruck et l’Est mosellan ?
Sur le plan culturel et touristique, la coopération compte déjà de belles réussites à son actif, comme les échanges entre deux sites industriels devenus lieux de culture, les anciennes aciéries de Volklingen en Sarre et le Carreau Wendel à Petite-Rosselle, ou encore, l’aménagement de pistes cyclables transfrontalières. Sur le plan économique, je considère la création de l’Eurozone Forbach-Sarrebruck comme un exemple positif, même si la concrétisation de ce projet demande du temps. A l’avenir, je souhaite renforcer les échanges en matière de recherche, de santé et de coopération sanitaire. Alors même que Sarrebruck et Forbach se touchent, nous sommes actuellement dans l’incapacité de nous porter assistance en cas d’accident, faute de structures, de moyens ou de cadre juridique. Par ailleurs, il me semble essentiel de contrer la régression du bilinguisme dans notre région.
C’est pourquoi nous soutenons pleinement les programmes d’échanges pédagogiques et d’apprentissage de la langue du voisin dès la maternelle. Comment justifiez-vous l’ampleur du projet Stadtmitte am Fluss, qui doit mobiliser un investissement de 180 millions d’euros d’autant plus lourd que la Sarrebruck est pauvre et endettée ? Il s’agit avant tout de mettre un terme aux nuisances que crée l’autoroute urbaine à ciel ouvert, empruntée chaque jour par 80 000 véhicules. Son enfouissement nous donne l’occasion d’un grand projet intégrant habitat, attractivité commerciale et mise en valeur de la Sarre. Nous voulons mettre l’urbanisme de la ville en conformité avec ses atouts. Sarrebruck dispose d’une université renommée et de chercheurs d’envergure internationale. Le centre de recherche sur l’intelligence artificielle DFKI, les recherches du Fraunhofer Institut en matière de biomédecine ou encore, les réalisations du centre de transferts de technologies IDS Pr Scheer constituent autant de références internationales. La ville accueille aujourd’hui 24 000 étudiants. Pour fixer durablement cette population, nous devons lui proposer des logements adaptés, puis des emplois lorsque les étudiants entreront dans la vie active. L’attractivité culturelle, commerciale et environnementale doit compléter cette offre pour contribuer au rayonnement de toute notre agglomération transfrontalière.
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