Président du Conseil économique, social et environnemental de Lorraine depuis 2001, Roger Cayzelle postule à la présidence du CESE de la future région Grand Est. Né à Mayence, l’ancien syndicaliste CFDT, actuellement président de l’Institut de la Grande Région, espère voir la Lorraine occuper une place centrale dans les coopérations transfrontalières de l’Acal.
Quelle place la coopération transfrontalière tiendra-t-elle dans le programme « grand-régional » que vous présenterez en novembre prochain ?
Elle y occupera une place centrale. La région Est manque d’attractivité, ce qui se traduit par un déclin démographique particulièrement marqué en Champagne-Ardenne, et qui commence à atteindre l’Alsace. Les seules régions qui présentent une dynamique démographique sont aux frontières, à Mulhouse, près de Bâle, et dans le nord lorrain proche du Luxembourg. L’économie de marché se concentre là où il se passe quelque chose. Notre région doit faire valoir ses interactions aux frontières, notamment en matière de santé. Le Luxembourg vise clairement un prix Nobel dans ce domaine. L’Alsace est particulièrement bien placée dans le secteur médical. Le cluster franco-allemand Silver Vallée va dans le même sens. Nancy est concernée par les coopérations transfrontalières, notamment grâce aux liens tissés entre universités. Ce sont ces atouts qu’il faut mettre en évidence, et il ne faut pas traîner.
Dans quels domaines la coopération transfrontalière vous paraît-elle la mieux engagée à l’échelle de la grande région Est ?
En Lorraine, je vois un beau succès dans la création des clusters franco-allemands dans les domaines de l’automobile et de la santé. Les choses ont aussi bien avancé en matière de formation professionnelle au cours des 18 derniers mois. Le déclencheur a été la Frankreichstrategie de la Sarre. Annegret Kramp-Karrenbauer, la présidente du Land, a la gentillesse d’indiquer qu’elle s’est inspirée d’un rapport du CESE de Lorraine lors du lancement de cette stratégie. Nous initions à présent une stratégie Lorraine Luxembourg. Nous avons du mal à entretenir une relation détendue avec cet Etat, d’où la nécessité d’entretenir des réseaux.
La Lorraine a un rôle moteur à jouer en matière de coopération transfrontalière dans la grande région Est. Le CESE de Lorraine est la seule institution à regrouper des personnalités allemandes et luxembourgeoises. Adossée à une zone frontalière rurale, la Champagne-Ardenne joue d’autant moins la carte du transfrontalier qu’elle est obnubilée par la région parisienne. En Alsace, la Conférence du Rhin supérieur fonctionne bien, mais globalement, je m’attendais à mieux de la part d’une région où les liens culturels avec l’Allemagne sont si forts.
Les trois régions françaises et les quatre pays frontaliers adhèrent-ils à la notion de « Petite Europe dans la Grande Europe » que vous défendez ?
Il s’agit là d’une question politique. Or, les gouvernants politiques font du transfrontalier lorsqu’il ne leur reste plus rien d’autre à faire. Ils sont devenus frileux et ne parlent plus que de proximité. Mais c’est d’un grand dessein commun dont les citoyens ont envie ! Pour l’heure, Annegret Kramp-Karrenbauer est la seule à avoir agi dans ce sens. Dans cette région naturellement européenne, il faut être capable d’affirmer un destin commun.
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