Depuis 2010, la banque développe simultanément politique handicap et achats responsables. Inscrite dans les objectifs de responsabilité sociétale de l’entreprise, la démarche a favorisé l’ancrage territorial et l’ouverture aux start-up.
Fin avril, le colloque Phare organisé par la Caisse d’Epargne Lorraine Champagne-Ardenne (Celca) dans ses nouveaux locaux messins a pris des allures d’événement. Outre les délégations des cinq banques régionales du groupe BPCE Grand Est, la manifestation a réuni une trentaine d’entreprises dont des représentants du secteur du travail protégé et adapté (STPA), des sociétés régionales spécialisées dans les produits ou services adaptés au handicap et des start-up de toute nature. Les thématiques évoquées – la politique handicap, les achats responsables, la performance RSE et le développement du territoire – ont mis en exergue la continuité de Phare (Politique Handicap et Achats Responsable) : initiée en 2010 pour augmenter la proportion de travailleurs handicapés, la démarche s’est progressivement étendue à la politique des achats, puis ouverte au développement économique et social des territoires.
Né sous l’égide des RH et du service achats, Phare a permis de multiplier par cinq nos achats auprès du STPA, avec un volume d’achat de 15,6 millions d’euros (en 2016) représentant 542 créations d’emploi. Au-delà de ces résultats chiffrés, la démarche a généré une dynamique territoriale : nous sommes passés de colloques annuels nationaux à des rencontres biennales décentralisées qui permettent de décliner les actions auprès des cinq entités de notre groupe en régions.
Benoît Mercier, président du directoire de la Celca et président de BPCE Achats
Dans le Grand Est, où les achats « responsables » ont représenté 900 000 euros, soit 31 emplois équivalent temps plein en 2016, la Celca a décroché dès 2015 le label d’Etat Relations fournisseurs responsables.
Phare est parti d’un constat de carence : en 2010, le groupe BPCE comptait moins de 3 % de travailleurs handicapés, soit la moitié de ses obligations légales. Ce seuil n’est toujours pas atteint et se situe aujourd’hui à 4,63 %, dont 0,65 % d’emplois indirects liés au recours au STPA. Ce taux recouvre des réalités très disparates, certaines agences se situant nettement en-deçà tandis que d’autres dépassent les 8 %. L’objectif consiste à présent à transformer le taux actuel en plancher que les toutes les agences devront atteindre, puis dépasser.
Le groupe BPCE, qui totalise 8 000 agences et 108 000 salariés, a progressivement déployé des accords handicap dans la quasi-totalité des structures de la Caisse d’Epargne, des Banques populaires, de la Banque palatine, de Nexity et du Crédit foncier.
Grâce à notre réseau de 45 référents handicap, chaque salarié dispose d’un interlocuteur au quotidien. Leur mission consiste à rencontrer les employés, dont certains n’osent pas faire état de leur handicap ou ignorent que leur poste peut être adapté. Il importe également de motiver les équipes dirigeants pour éviter que la dynamique ne s’essouffle.
Alain Fournier, directeur recrutement et diversité à la DRH du groupe
Le secteur bancaire connaît d’autant plus de difficultés à recruter des personnes handicapées que l’orientation scolaire ne guide guère les jeunes porteurs de handicaps vers ces métiers. Le groupe BPCE sensibilise les écoles à la question et favorise l’apprentissage en amont pour faciliter les recrutements.
De nouvelles compétences
La relance de la politique handicap a apporté à la banque des compétences et de savoir-faire auxquels elle n’aurait sans doute pas accédé autrement. Sensibilisé à titre personnel aux problématiques de l’autisme et notamment, au syndrome d’Asperger, Pascal Krug, directeur Organisation et systèmes d’information de la Caisse d’épargne d’Alsace, a recruté trois profils particuliers à I-Datech qu’il dirige également.
Ces jeunes présentent des capacités cognitives et créatives impressionnantes, mais ne seraient sans doute pas passées sous les fourches caudines d’un entretien d’embauche classique. Ils ont largement contribué aux innovations réalisées par I-Datech, qui mutualise la recherche du groupe en matière d’éditique et de numérique.
Pascal Krug, directeur Organisation et systèmes d’information de la Caisse d’épargne d’Alsace
Les personnes atteintes de handicaps intellectuels plus classiques ont bénéficié de ces recherches : I-Datech a entre autres développé un système d’ « intelligence augmentée » qui les aide à traiter les chèques mal renseignés. Un logiciel effectue les recherches permettant d’identifier les bénéficiaires du chèque pour leur permettre d’effectuer un travail bureautique classique.
Diversification
Phare a également initié une nouvelle politique de RSE basée, non pas sur la massification des achats « responsables », mais au contraire sur la diversification des prestataires. Naguère cantonnées aux espaces verts ou à la restauration, les entreprises adaptées élargissent aujourd’hui leurs prestations. Parmi les fournisseurs invités au colloque messin figurent un call center, une société d’organisation de salons, un fabricant de maroquinerie à usage professionnel ou encore, un prestataire en gestion électronique de documents.
Dans le cadre de la RRSE, nous consolidons notre socle de partenaires relevant du STPA et nous tenons à l’affût des nouveautés. Le digital apporte de nouvelles solutions à l’emploi de personnes handicapées et les rend souvent très compétitives.
Pascal d’Orlandi, directeur général de BPCE Achats
Les prestations classiques – jardinage, tri ou encore, conditionnement – sont systématiquement confiées à des entreprises situées au plus près des agences clientes. Le groupe BPCE répond ainsi à un souci de développer les filières courtes, mais aussi à des aspirations plus commerciales. Les sociétés prestataires sont ou peuvent devenir clientes de la banque. De même, le soutien affiché aux start-ups régionales invitées à présenter leur entreprise au cours du colloque conforte la notoriété de la banque auprès des jeunes créateurs.
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