En 18 mois d’existence, l’Ecole de la deuxième chance transfrontalière (E2C-T) a permis à une centaine de jeunes mosellans et sarrois de découvrir les opportunités d’emploi de part et d’autre de la frontière.
Fin 2014, un bilan très encourageant de l’école de la deuxième chance transfrontalière (E2C-T) a été présenté à Forbach (Moselle) par son pilote français CCI Formation 54 et son partenaire allemand du centre de formation Tüv Nord Bildung Saar. En 18 mois d’existence, cette structure dédiée aux jeunes sortis sans diplôme du système scolaire a enregistré un taux moyen de 60 % de réussite. Côté français, les trois quart des 76 stagiaires sélectionnés par Pôle emploi ont décroché des CDI, des CDD de plus de six mois ou des contrats de professionnalisation dans le domaine de la vente, de l’animation et de l’industrie. Le groupe mosellan constitué de 53 % de femmes a enregistré 62 % de « sorties positives », contre 20 % de jeunes n’ayant pas de solution immédiate et 18 % d’échec suite à des cause « non maîtrisables », – déménagement, maladie, grossesse ou incarcération. Côté allemand, les 53 jeunes Sarrois formés en France présentent un taux de réussite de 57 %, contre 35 % de départs et 7 % de sortie sans solution. Le moindre taux de réussite de ces jeunes proviendrait du fait que ont été moins disposés à quitter leur pays pour trouver un débouché en France et que le dispositif d’accompagnement psychologique, qui a fait la preuve de son utilité en France, n’existe pas côté allemand.
En Lorraine, l’Ecole de la deuxième chance passe par l’Allemagne. ce taux de réussite est nettement supérieur à la moyenne des dispositifs d’insertion et s’explique par la durée de la prise en charge. Les stagiaires sont encadrés durant sept à huit mois et ils sont encadrés durant sept à huit mois et bénéficient d’un suivi d’un an durant lequel ils peuvent solliciter leurs anciens formateurs. Le taux d’inscription en CDI, en CDD ou en contrat de professionnalisation augmente souvent de 10 % un an après le passage dans une école de la deuxième chance grâce aux contacts conservés et au suivi post-formation.
Fabien Lo Pinto, adjoint au directeur de la CCI de Meurthe-et-Moselle
Ces chiffres démontrent que ceux qui ont échoué dans leur cursus scolaire méritent l’aide qu’on leur apporte. Compte tenu du déclin démographique de la Sarre, nous ne pouvons pas nous permettre de laisser des jeunes sur le bord du chemin. Traverser la frontière doit devenir normal. L’enjeu de l’emploi des moins de 25 ans ne concerne pas uniquement les Sarrois et les Lorrains, mais correspond aux besoins de l’Europe tout entière.
Jürgen Barke, secrétaire d'Etat au ministère sarrois de l'Economie, du travail
La spécificité de l’école transfrontalière s’est traduite par des enseignements intensifs de la langue du voisin en plus des remises à niveau classiques. La formation pratique a été assurée par 140 entreprises dont 100 françaises et 40 allemandes. A cette immersion sous le statut de de stagiaires de la formation professionnelle se sont ajoutés deux voyages éducatifs à Berlin et à Rouen qui ont permis aux stagiaires de pratiquer au quotidien dans la langue du voisin. Ces 18 mois ont également été l’occasion d’échanges pédagogiques entre les équipes de la Tüv Nord Bildung et l’E2C-T de Forbach.
Autres initiatives intéressantes accompagnant ce programme : Oceal, agence d’intérim forbachoise spécialisée dans l’intérim franco-allemand a élaboré un glossaire pour acquérir rapidement les bases de l’allemand professionnel. Elle a organisé des ramassages afin de permettre aux jeunes de se rendre sur leur lieu de travail.
Malgré ces bons résultats, l’avenir du dispositif paraissait encore bien incertain fin 2014. Monté dans le cadre du programme européen Interreg IV A Grande Région 2007/2013 pour le développement de l’emploi dans un contexte transfrontalier, le projet E2C-T devait initialement mobiliser 979 000 euros. Mais ce budget a finalement été divisé par deux, passant à 441 000 euros dont 274 000 euros issus du Feder et 98 000 provenant du conseil régional de Lorraine. Bien qu’enthousiaste quant au premier bilan, le Land de Sarre n’a pas participé à son financement et l’avenir du dispositif paraissait encore bien incertain fin 2014. En début d’année 2015, le conseil régional a réaffirmé dans une brochure dédiée au bilinguisme son soutien à la poursuite de l’initiative, mais la clé de répartition des futurs financements n’est pas encore trouvée.
Néanmoins, le prochain programme pourrait englober les écoles de la deuxième chance transfrontalière franco-allemande ainsi qu’une autre E2C franco-belge créée par une initiative comparable entre 2009 et 2013 sous l’égide de la Lorraine, de la région Wallonne et de la Province du Luxembourg belge. Car comme le soulignent les partenaires, si l’initiative démontre le poids des difficultés sociales d’origine, elle fait aussi la preuve que les jeunes des deux régions ont gagné en compétences, en confiance en soi et en perspectives d’avenir.
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