En octobre 2015, François Hollande inaugurait à Montigny-les-Metz le premier centre d’encadrement militaire à l’intention de jeunes en grande difficulté. Un an plus tard, le dispositif d’insertion basé sur le volontariat s’avère efficace et s’étend à l’ensemble du territoire.
Le succès est au rendez-vous. Le Service militaire volontaire (SMV) lancé en grande pompe à Montigny-les Metz en octobre 2015, a permis aux trois quarts des 172 premiers stagiaires (73%) de trouver un contrat d’apprentissage ou une embauche en CDI dès leur sortie. Destiné à des jeunes en détresse, ce dispositif expérimental d’une durée de deux ans va bien au-delà du service militaire d’antan : les 400 volontaires accueillis en quinze mois goûtent certes aux joies de la vie en chambrée et du lever à 6 heures, mais ils y acquièrent également un savoir-être, les bases scolaires et une formation en entreprise. Centre pilote du SMV, le quartier militaire Colin de Montigny-les-Metz a en effet constitué, au fil de l’eau, un réseau de partenaires publics et privés efficace.
Le métier n’est qu’un moyen pour s’insérer dans la société. Lorsque les jeunes postulent au SMV, ils veulent vraiment sortir de l’impasse dans laquelle ils se trouvent. Ils ont besoin d’un cadre et de repères et viennent chercher l’autorité – autant d’éléments que nous pouvons leur apporter.
Lieutenant-colonel Christian Dugast, chef de corps du centre SVM de Lorraine
Les candidatures transitent par les Missions locales pour l’emploi, qui présélectionnent des jeunes Français âgés de 18 à 25 ans en voie de marginalisation. L’Armée procède ensuite à une sélection en trois phases – un entretien de motivation, une vérification des antécédents judiciaires et une visite médicale – qui élimine une candidature sur deux. L’essentiel des 400 recrutements effectués porte sur les volontaires stagiaires sans qualification, incorporés pour une durée minimale de six mois et de 12 mois maximum. Ils seront logés et nourris, et percevront une solde nette mensuelle de 313 euros. Une centaine de jeunes titulaires de CAP ou de BEP ont signé un contrat de volontaires techniciens d’un an renouvelable une fois, assorti d’une solde nette de 676 euros par mois et de l’obtention du premier grade de militaire du rang.
Centrée sur l’insertion, la formation militaire exclut toute préparation au combat, privilégiant savoir-être et employabilité. Tenus à une hygiène de vie stricte et à une discipline constante, les jeunes se plient durant quatre mois à une remise à niveau scolaire complétée par une préparation au permis de conduire et à l’attestation de sauveteur-secouriste du travail. Sur les 175 premières recrues, 54 % des jeunes n’avaient jamais obtenu ni brevet, ni diplôme. Après un rappel des compétences de base – lire, écrire et compter -, 85 % d’entre eux ont atteint le niveau du Certificat de formation générale et 73 % d’entre eux, celui du Diplôme national du brevet. 80 % des candidats ont également obtenu le permis de conduire. En parallèle de ces formations intensives, les jeunes ont effectué des missions d’intérêt général dont le nettoyage à la brosse de 16 000 stèles militaires à Fleury-devant-Verdun ou le dragage du canal de Montigny-les-Metz.
Après ces « classes » s’engage une formation professionnelle dont le champ ne cesse de s’élargir. Les SVM ont été orientés vers des métiers en tension : le bâtiment (27 %), la sécurité (20 %), es espaces verts, la logistiques l’hôtellerie-restauration. Le réseau constitué par le centre SVM de Lorraine a fait boule de neige et regroupe désormais plusieurs lycées professionnels, un centre de formation agréé aux métiers de la sécurité, les Afpa ou encore, la chambre des métiers et d’agriculture. Dix entreprises locales dont l’usine PSA de Trémery, le poseur de fibre optique Sag France ou encore, la plate-forme logistique d’Ikea à Metz ont par ailleurs signé des conventions prévoyant l’accueil de jeunes dans le cadre de Périodes d’adaptation en entreprise (PAE), puis en tant qu’apprentis ou dans le cadre d’une embauche classique. Sag France (900 salariés) finalise ainsi sa proposition d’offrir cette année cinq places en PAE et autant de contrats de travail.
Nous sommes satisfaits de la présélection effectuée par les militaires et de la qualité des candidats que nous avons rencontrés. Le dispositif a un avantage, il est très individualisé, car il s’adapte au niveau de chacun.
Vincent Fleck, DRH de Sag France
Les stagiaires touchent leur solde durant la PAE, à laquelle s’ajoutent les frais de bouche et de transport. Les contrats de travail ou d’apprentissage classiques s’appliquent lorsque les jeunes ont quitté le SMV.
Ce sont des résultats tout à fait exceptionnels dans le domaine de l’insertion. Les encadrants militaires font preuve de bienveillance et sont les seuls à accueillir les jeunes 24 heures sur 24, y compris durant les fêtes ou les week-ends s’ils ne savent pas où aller. Si cet encadrement ne convient pas à tous les jeunes, il arrête la dérive de certains d’entre eux.
Véronique Genet, animatrice du réseau Amilor
Associée au SMV depuis sa création, la structure, qui regroupe 18 missions locales pour l’emploi, articule ses propres formules d’accompagnement pour sécuriser les parcours des stagiaires, notamment à leur sortie. N’entrant en concurrence avec aucun dispositif existant, le SVM a associé dès l’amont 7 ministères, 8 services civiques et 12 associations. L’Armée, qui assumant seule les coûts et l’organisation, y voit la démonstration de son rôle social.
Une expérience reconduite
Doté d’un budget de 40 millions d’euros sur deux ans, le Service militaire volontaire compte aujourd’hui quatre centres implantés à Montigny-les-Metz, Brétigny-sur-Orge, La Rochelle et Châlons-en-Champagne. L’Armée a mobilisé 256 militaires pour encadrer le dispositif, qui devrait accueillir au total un millier de jeunes d’ici à juillet prochain. En début d’année, le SVM a été reconduit jusqu’au 31 décembre 2018, compte tenu de ses bons résultats.
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