Colossale à l’échelle d’un département pauvre et peu peuplé, la manne financière du plus grand chantier meusien n’a pourtant guère engendré de résultats visibles.
Depuis la mise en chantier, en août 1999, du laboratoire d’enfouissement des déchets radioactifs de Bure (Meuse, 426 habitants) le groupement d’intérêt public Objectif Meuse gère une dotation annuelle de 9,14 millions d’euros destinée à contribuer au développement local. Sur cette même période, l’Agence nationale pour le retraitement des déchets radioactifs (Andra) a attribué des marchés d’un montant de 250 millions d’euros pour la construction et les expérimentations du laboratoire.
35 mairies réhabilitées
Dans le périmètre de proximité du chantier, où le taux de subvention peut atteindre 80 %, les communautés de communes du Val d’Ornois, de Saulx-et-Péthois et de Haute Saulx ont d’ores et déjà engagé 8,2 millions d’euros représentant 70 % des crédits alloués. Parmi les principales réalisations listées par la Mission de coordination du laboratoire, figurent 35 réhabilitations de mairies, sept salles polyvalentes, la création d’une vingtaine de logements communaux ou encore la restauration de 142 monuments.
Les entreprises du BTP ne considèrent pas pour autant avoir largement bénéficié de la manne du laboratoire.
Certains des marchés que nous avons décrochés l’an dernier étaient cofinancés par le GIP, mais rien n’indique qu’ils n’auraient pas été réalisés sans ce concours.
Viviane Poirot, qui dirige avec son mari l’entreprise de plâtrerie et d’isolation André Poirot à Houdelaincourt
J’interviens sur de petits travaux d’entretien au laboratoire de Bure. Il s’agit d’un marché appréciable, mais nullement déterminant pour mon chiffre d’affaires.
Michel Harquin, dirigeant de l’entreprise de BTP éponyme également basée à Houdelaincourt
Travaux publics : « un département sinistré »
Tous secteurs confondus, l’Andra a attribué 80 % de ses marchés à des entreprises nationales, contre 5 % à des entreprises régionales et 10 % à des sociétés locales. Les travaux confiés aux locaux – terrassement, pose de clôtures, électricité – se sont déroulés au début du chantier, en 2000.
Aujourd’hui, le laboratoire de Bure ne figure plus du tout parmi les centres d’intérêt de nos adhérents. Les fonds d’accompagnement qu’il a générés n’ont par ailleurs présenté aucune incidence sur les travaux publics. Dans ce domaine, la Meuse reste un territoire sinistré : voici cinq ans que nous attendons des décisions concrètes en matière d’eau et d’assainissement !
Pierre Nicora, président de la Fédération meusienne du BTP
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