Contribution du Land de Sarre à l’Année européenne du patrimoine culturel 2018, l’exposition « Resonanzen, l’architecture aux origines de l’Europe », retrace jusqu’au 30 novembre prochain à Sarrebruck l’utopie architecturale et urbanistique transfrontalière qui caractérisa les deux décennies de l’après-guerre.
Placée sous protectorat français, la Sarre se trouvait alors au cœur d’un projet politique qui aurait conféré au petit Land du sud de l’Allemagne statut autonome comparable à celui du Luxembourg. Construite par l’architecte Georges-Henri Pingusson, l’ambassade de France à Sarrebruck, qui accueille l’exposition, exprime cette aspiration par une esthétique soignée et avant-gardiste.
Frontalière du bassin houiller mosellan, la Sarre dévastée par les bombardements est apparue aux architectes et urbanistes français comme un Eldorado de la reconstruction. L’architecte Jean Prouvé, le pionnier du béton armé Raymond Camus et l’usine forbachoise Dietsch ont mis en pratique les nouvelles techniques de construction préfabriquées tant dans l’Est mosellan que dans la banlieue de Sarrebruck. De part et d’autre de la frontière, les populations ouvrières unies par la même ferveur ont érigé des églises rondes en acier et en béton. Construit sur la colline frontalière de Berus, l’émetteur grandes ondes d’Europe 1 symbolise également cette architecture industrielle moderne – peut-être même trop moderne.
Lorsque la Sarre a retrouvé une organisation politique, vers 1949, les rapports des urbanistes français avec les Sarrois se sont tendu. Il était difficile d’imposer des vues trop futuristes à une population traditionaliste encore très marquée par le Troisième Reich.
Jean-Michel Helwig, architecte forbachois et membre du Deutscher Werkbund Saarland
En octobre 1955, les Sarrois se prononcent à 68 % pour un rattachement à l’Allemagne.
Organisée par le Werkbund Saarland, équivalent de l’ordre des architectes, et du ministère sarrois de la Culture, l’exposition associe un large réseau franco-allemand dont la Drac Grand Est et la Cité de l’architecture et du Patrimoine à Paris. Elle s’accompagne d’un cycle de conférences sur l’architecture et l’urbanisme (www.rezonanzen.eu).
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