L’ancienne boulangerie de village s’est hissée parmi les leaders européens du pain congelé avant de frôler le dépôt de bilan en 2014.
L’ancien bassin houiller de l’est mosellan s’est longtemps enorgueilli de compter sur son territoire avec Neuhauser l’un des leaders français, puis européens de la boulangerie et des viennoiseries industrielles. Fondé en 1906 à Folschviller, le groupe s’est développé jusqu’à atteindre 2.100 salariés répartis dans 17 usines, dont 16 en France et une au Portugal. Mais cette apparente succes-story cachait nombre d’archaïsmes et de fragilités. En août 2014, le groupe exsangue n’a dû sa survie qu’à sa reprise par le groupe céréalier Soufflet.
Durant un siècle, Neuhauser a su rester en phase avec son environnement. La boulangerie de village a d’abord prospéré en préparant des casse-croûte pour les mineurs de fond du bassin houiller, avant de prendre le virage de l’industrialisation dans les années 1970. L’entreprise familiale, devenue société anonyme, s’est lancée dans la fabrication de pain cru et précuit, puis a ouvert une usine de viennoiseries congelées. Les syndicats n’ont pu s’imposer que dans les années 1990 dans le site mosellan connu pour ses conditions de travail dures et son climat social exécrable.
A compter des années 2000, les directions successives ont multiplié des rachats d’entreprises concurrentes (UMB, Panavi, Brialys), puis de distributeurs (Pomme de Pain, Le Crobag), avec plus ou moins de bonheur. Elles ont également pris le risque de placer trop d’oeufs dans le même panier, en dédiant presque entièrement la seconde usine mosellane, construite en 2010, aux commandes du discounter allemand Lidl. Quatre ans plus tard, la perte du marché des chaussons aux pommes a conduit l’entreprise au bord du gouffre. En 2016, Neuhauser présentait une dette cumulée de 63 millions d’euros pour 428 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Protocole d’accord sur le PSE
Dans ce contexte, l’annonce d’un plan social en janvier 2017 n’a pas vraiment surpris les 660 salariés de Folschviller – même si l’ampleur de la saignée les a sonnés : Soufflet y prévoyait 259 suppressions de postes. Cinq mois plus tard, le groupe a su ramener un certain optimisme dans le berceau historique de Neuhauser. Le groupe a déjà modernisé les chaînes et évoque l’hypothèse d’un gros investissement pour produire des pains aux raisins bio destinés à l’export.
Le nombre de suppressions d’emplois est nettement revu à la baisse et pourrait se limiter à 146. La direction et les syndicats ont trouvé un accord sur le plan social qui s’achèvera le 31 mai.
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