Entre la maison d’arrêt et le fort de Queuleu à Metz, un centre de rétention administrative (CRA) est entré en service  le 12 janvier. Figurant parmi les premiers établissements de ce type réalisés par la gendarmerie,  le complexe hébergera 108 gendarmes mobiles et 96 personnes retenues – contre une capacité de 30 personnes dans l’actuel CRA messin.

L’établissement regroupera des personnes appréhendées sur l’ensemble du territoire. Les gendarmes seront affectés à la garde, à la surveillance, à l’accompagnement des démarches administratives et au transfert des personnes retenues, notamment vers les aéroports.

Solidité militaire

L’entreprise générale Demathieu et Bard a dû composer avec de multiples contraintes dans des délais très serrés.

Le chantier ne présentait qu’une seule voie d’accès de 300 m de long. La déclivité du terrain, atteignant parfois 10 m, a engendré 50 000 m3 de déblais. Pour des raisons de sécurité, nous avons dû tenir compte de la proximité immédiate de la maison d’arrêt.

Jean-Sébastien Michelet, chef du projet chez Demathieu et Bard

Présentant une trame orthogonale axée sur les bâtiments existants, le CRA est entouré d’une double rangée de grillage de 5 m de haut surmontée de barbelés. Au long du chemin de ronde, une haie d’épineux –breveté par la société Sinnoveg et associant des Berberis julianae et des Zanthoxylum simulans – contribue à la protection et à la discrétion du site. Visibles depuis la route de Strasbourg, des attiques surmontent le bâtiment administratif.

Soumise aux architectes des Bâtiments de France, la construction renvoie une image de solidité et de pérennité militaire ancrée dans la continuité du fort de Queuleu.

le lieutenant Charles-Axel Vaqué, l’un des deux architectes DPLG ayant conçu le site

Le CRA comporte d’une part un immeuble en L affecté aux locaux administratifs et à l’hébergement des gendarmes mobiles, d’autre part sept bâtiments abritant les personnes et familles retenues.  Elément central des locaux administratifs, une salle de veille panoramique offre une vision en plongée sur l’ensemble de l’espace de rétention, pour que les personnes retenues soient visibles dès leur sortie des bâtiments d’hébergement.  Un grillage sépare les cinq pavillons des hommes, donnant  sur un terrain de sport, et les deux bâtiments réservés aux femmes et aux familles, qui débouchent sur un petit parc de jeux pour enfants.  Placé sous vidéosurveillance, chaque bâtiment de 120 m2 comporte un espace commun, des sanitaires collectifs et sept chambres doubles équipées d’un mobilier aux normes pénitentiaires (lits et tablettes scellés, miroirs en inox poli). Devant l’entrée, une cour grillagée reste accessible de nuit.

Lisibilité des espaces

En sortie de l’espace de rétention, un tourniquet  conduit  les personnes retenues  au rez-de-chaussée de l’immeuble administratif. Elles  y trouvent une salle de restauration, une lingerie et une infirmerie. Accessibles à la fois par les personnes retenues et par les intervenants arrivant de l’extérieur, plusieurs pièces sont dédiées aux associations, aux visiteurs, aux autorités consulaires et aux avocats. Le rez-de-chaussée abrite également deux cellules d’isolement de type carcéral. Les murs extérieurs structurés en sandwiches se composent d’un panneau porteur intérieur en béton peint difficilement dégradable, d’un isolant central et d’un voile extérieur en béton architectonique.

Occupant 2 800 m2 sur trois niveaux et résolument tournés vers l’extérieur du site, les logements des gendarmes présentent des formes et des couleurs explicitement distinctes de celles des lieux de rétention. Les espaces communs – restauration, salle de musculation, terrain de sport agrémenté d’un mur d’escalade – affichent des couleurs vives.  Les appartements se composent de chambres doubles, de chambres individuelles avec loggia pour les gradés et de quatre chambres individuelles avec balcon, les ouvertures donnant sur un talus végétalisé.

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