Inventeur de la « plante à traire », Plant Advanced Technologies a conclu un partenariat avec BASF et le conseil régional de Lorraine pour constituer une « bioengineering valley » en Meurthe-et-Moselle.
Après avoir démontré l’intérêt de l’extraction non destructive de molécules végétales dans les domaines pharmaceutique et cosmétique, la start-up défriche le potentiel de la protection des végétaux.
Spécialiste de l’extraction non destructive de molécules végétales, Plant Advanced Technologies (PAT) a accueilli fin mai dans ses serres de Laronxe (Meurthe-et-Moselle) les représentants de BASF, du conseil régional de Lorraine et de laboratoires universitaires nancéiens pour concrétiser un partenariat inédit. La start-up fondée en 2005 développera avec le géant allemand de la chimie non seulement des applications cosmétiques, qui font déjà l’objet d’une coopération, mais aussi des recherches sur des pesticides naturels utilisant les molécules de défenses de certaines espèces. Soutenue par le conseil régional de Lorraine au cours de deux programmes d’accompagnement consécutifs, Bioprolor 1 et 2, l’entreprise de 42 salariés s’engage à développer ses recherches, ses cultures et sa production en région.
Découverte grâce aux chercheurs du Laboratoire agronomie et environnement (LAE) et l’Inra de Nancy (Meurthe-et-Moselle), la technique de la « plante à traire » consiste à stimuler le système racinaire de différentes espèces pour en extraire les molécules recherchées. Cultivées dans des bacs coulissants, les plantes sont soumises chaque mois à une « traite » des racines dans un bain solvant. Dûment brevetée, la technique permet d’obtenir une concentration de molécules comprise entre 5 et 10 % là où une récolte de matière sèche n’en tirerait qu’un millième.
Nous avons travaillé comme des paysans en cultivant des plantes par petits groupes pour rendre nos recherches crédibles.
Jean-Paul Fèvre, président de PAT
En dix ans, la start-up a investigué le potentiel de 700 plantes dont une dizaine fait désormais l’objet de contrats de recherche. Filiale de BASF implantée à Pulnoy, dans la banlieue nancéienne, BASF Care Solutions a décelé dès 2010 le potentiel de certaines molécules dans des applications cosmétiques. Chanel utilise également depuis trois ans des molécules de garance dans un soin antirides. D’autres brevets confidentiels pharmaceutiques portent sur la production de molécules anticancéreuses, anti-inflammatoires et anti-Alzheimer.
Une diversification prometteuse s’annonce aujourd’hui en matière de protection du végétal.
La méthode de PAT correspond à nos objectifs en matière de biocontrôle et peut nous permettre de développer une alternative aux pesticides conventionnels. Nos premières recherches sur les fongicides donnent des résultats encourageants.
Vincent Gros, président Europe de la division Agro de BASF
Avec ce nouveau partenariat, PAT, qui a connu une longue phase de maturation, parvient au stade des premières récoltes. L’entreprise a levé 9 millions d’euros lors de son introduction au marché libre en 2009, puis engrangé 7 M€ en avril dernier lors de son introduction sur Euronext. Les résultats des essais précliniques en cours devraient permettre de lever une cinquantaine de millions d’euros supplémentaires à moyen terme. Pilote du programme Bioprolor 2, abondé par le conseil régional de Lorraine à hauteur de 3,7 M€ sur trois ans, l’entreprise collaborera avec BASF Beauty Care et Agro, les PME régionales Cybernano, Etap, Biolie et Stanipharm et les laboratoires nancéiens du CNRS, de l’Inserm, de l’Inra et de l’Université de Lorraine.
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