Pierre Christophe aurait pu être journaliste, enseignant, économiste, urbaniste… Et il l’est, à sa manière pugnace et inclassable.
Militant écologiste, Pierre Christophe alimente la presse alternative nancéienne d’articles percutants sur les transports, l’air, l’eau ou la biodiversité. A l’école d’architecture de Nancy, il intervient sur le thème « architecture et transition énergétique ». Devant la cour d’appel administrative de Nancy, il est parvenu, au terme de dix ans de contestation collective, à faire annuler en janvier dernier certaines clauses du contrat de concession liant le Grand Nancy à Enedis sur la propriété des compteurs électriques. Le quinquagénaire fait également partie du collectif de citoyens qui a obtenu en juillet dernier l’annulation de la délégation de service public conclue entre le Grand Nancy et Grand Nancy Thermal, obligeant la collectivité à lancer une nouvelle procédure pour finaliser ce projet de centre thermoludique d’un montant de près de 100 millions d’euros.
J’ai toujours été écologiste. J’avais dix ans lors de l’élection présidentielle de 1974 et je me souviens de René Dumont buvant un verre d’eau à la télévision. Depuis, j’ai été candidat à six élections locales ou régionales sur des listes de gauche ou citoyenne, en défendant toujours des valeurs écologistes.
Pierre Christophe
L’ancien secrétaire départemental et membre du bureau fédéral des Verts, qu’il a quitté en 2015, n’a jamais élu. Victime collatérale d’une nouvelle désunion union de la gauche lorraine, il a raté de justesse un mandat régional cet été. Mais il côtoie d’égal à égal les ténors de la politique nancéienne depuis des décennies. Il a exaspéré André Rossinot, qui l’invita un jour à aller vivre au Zimbabwe si la démocratie locale ne lui convenait pas. Il n’a guère été séduit par le slogan « Nancy en grand » qui permit à son ancien étudiant Mathieu Klein de remporter les dernières municipales.
La population de Nancy stagne depuis 50 ans aux alentours de 100.000 habitants. J’y vois une opportunité d’expérimenter un urbanisme sans pression plutôt que d’entretenir des rêves de grandeur.
Pierre Christophe
Fasciné par Georges Perec et sa « Disparition » écrite sans la lettre e, passionné par Bourdieu, auquel il consacra une thèse inaboutie, le décroissant revendiqué a puisé dans l’œuvre d’Ivan Illich l’essentiel de ses principes politiques. Du prêtre devenu philosophe, le célibataire sans enfant partage l’appétence pour les savoirs croisés, le principe de contre-productivité et le goût des démonstrations chiffrées. Rédacteur spécialisé dans les rapports de comités d’entreprise, il travaille 27 heures par semaine pour ne pas empiéter sur le travail d’autrui. Il n’a jamais possédé de voiture, car divers calculs démontrent à la fois le coût exorbitant et la relative lenteur de ce mode de transport. A la douche, il préfère le demi-bain plus économe en eau – d’autant qu’il la récupère pour les sanitaires.
On prête aux écologistes l’envie de revenir à la bougie, alors que ce sont les seuls à expérimenter de nouvelles formes de vie.
Pierre Christophe
L’érudit s’astreint à lire au moins 50 pages par jour, presse non comprise, et fait sienne la devise latine « N’exige rien des autres que tu ne puisses faire toi-même ».
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