Président de SaarMoselle et directeur de la communauté urbaine de Sarrebruck, Peter Gillo revient sur cinq ans de réalisations de l’Eurodistrict.
Cinq ans après sa création, le bilan de l’Eurodistrict vous paraît-il conforme aux espérances que portaient ses fondateurs ?
La création de SaarMoselle a constitué un grand moment de fierté. Les élus et les fonctionnaires qui animaient l’association Zukunft SaarMoselle Avenir voyaient la concrétisation de 15 ans de coopération et vivaient le basculement de l’association en Eurodistrict comme un grand succès. Ils avaient raison : Saarmoselle a bel et bien remporté de grandes réussites, même s’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.
Comment expliquez-vous que de grands projets aussi essentiels que le tram-train Sarrebruck-Forbach n’aient pas abouti ?
SaarMoselle couvre un territoire économiquement pauvre, affecté par la fin du charbon et la quasi-disparition de l’acier. Le Land de Sarre, la communauté urbaine de Sarrebruck et des communes mosellanes disposent de marges de manœuvre très faibles. A Sarrebruck, nous savons par expérience qu’un tram coûte cher. En 2013, le gouvernement du Land a estimé qu’il n’était pas utile de s’impliquer dans l’étude de faisabilité puisque que de toute façon, il n’y avait pas l’argent pour réaliser le prolongement Sarrebruck- Forbach. Côté français non plus, le projet n’était pas financé. Mais l’idée d’un transport public transfrontalier n’est pas abandonnée. Une étude de faisabilité proposera dès septembre 2015 plusieurs alternatives, dont certaines moins coûteuses qu’un tram-train.
Dans quels domaines souhaitez-vous voir la coopération progresser ?
Le territoire a peu de ressources financières, mais il présente un très grand potentiel en matière économique. Ses zones industrielles ne sont pas suffisamment connues. De part et d’autre de la frontière, nous avons des constructeurs automobiles et des équipementiers, des constructeurs de machines-outils, des centres de recherche. Nous devons mieux vendre notre potentiel économique.
L’Eurodistrict a permis de grands progrès en matière de coopération hospitalière et peut encore progresser dans ce domaine qui est tout, sauf simple. Les hôpitaux de Forbach et de Volklingen ont signé une convention en cardiologie pour le traitement des accidents cardio-vasculaires. Ce projet pilote, auquel s’est associée l’Agence régionale de Santé de Lorraine, peut se poursuivre et s’étendre à d’autres maladies.
Le statut d’Eurodistrict facilite-il l’accès aux fonds européens ?
Oui. Ces fonds ont permis des résultats tangibles en matière de tourisme et d’attractivité. Le projet Bande bleue de la Sarre a permis d’améliorer les infrastructures en aménageant des ports, des pistes et haltes cyclables. Ils ont également contribué à élargir le projet Vélo-vis-à-vis. L’initiative remonte à Zukunft Sarre Moselle Avenir, mais elle s’est considérablement développée.
La coopération transfrontalière vous paraît-elle freinée par les rigidités administratives françaises ?
Je ne me prononcerai pas sur la manière dont la coopération transfrontalière peut être perçue depuis Paris. Sur le terrain, elle est fructueuse, conviviale, intensive et pragmatique. Nous avons le sentiment d’être compris et entendus. SaarMoselle se trouve en bonne position dans le contrat de plan Etat-Région. J’y vois un motif d’optimisme.
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