Cultiver les goûts et les couleurs

Pascal Garbe, grande figure du monde des jardins, fait éclore à Laquenexy une culture à la fois populaire et raffinée.

Solide gaillard arborant un grand sourire sous son chapeau de paille, Pascal Garbe incarne de prime abord le joyeux jardinier. Dès ses premières phrases, une autre évidence s’impose : l’homme est aussi un érudit, grand voyageur et esthète des goûts et des couleurs. Directeur des jardins fruitiers de Laquenexy, le paysagiste a élaboré sur quatre hectares une fine mosaïque de vergers, labyrinthes végétaux, jardins des sens, potagers épicuriens et collections de rosiers dont les couleurs, odeurs et saveurs ont enchanté l’an dernier plus de 45 000 visiteurs.

Ce foisonnement qui a pris racine sur les terres mêmes où les Romains plantèrent leurs premières vignes dès l’Antiquité ne doit rien au hasard. Fondé par les autorités allemandes en 1900, l’Institut viticole de Laquenexy, à 15 km de Metz, s’est transformé en 1954 en centre d’essais horticoles. Président du conseil général de la Moselle de 1992 à juin 2011, Philippe Leroy, ingénieur du Génie rural, des eaux et des forêts, a doté le département d’un riche réseau de sites et musées dont les jardins de Laquenexy constituent l’un des fleurons.

J’ai rencontré les bonnes personnes au bon moment.

Pascal Garbe

Ce lieu est né de l’interaction d’élus impliqués de longue date dans le fleurissement du département qui ont su mener à bien l’idée a priori loufoque d’une politique des jardins. »

Illustres planteurs

Avant même son arrivée en Moselle, Pascal Garbe avait côtoyé les stars de ce monde. L’ancien élève de l’école d’architecture du paysage de Gembloux (Belgique) a commencé sa carrière en tant que stagiaire chez la princesse Sturdza, dont la propriété, le Vasterival, près de Dieppe, compte parmi les plus beaux jardins d’Europe.

En arrivant chez la princesse, je suis entré en jardinage comme on entre dans les ordres.

Le paysagiste raconte aussi avec émotion sa rencontre avec le britannique Graham Stuart Thomas, icône internationale de l’horticulture avec lequel il a échangé une correspondance suivie jusqu’à son décès en 2003.

Auteur à succès, Pascal Garbe a publié une quinzaine d’ouvrages aux intitulés bucoliques – « Des jardins à croquer », « Jardins de pots, balcons fleuris », ou encore, « Mille mariages de plantes » – et un best-seller, « Des bambous dans votre jardin », vendu à 70 000 exemplaires. Président de nombreux jurys internationaux, le chef de file du réseau transfrontalier « Jardins sans limites » a invité l’an dernier sur ses terres la fine fleur des paysagistes d’une quarantaine de pays à l’occasion de la conférence internationale « Jardins et publics », qui a réuni 350 participants.

Incollable sur environ 4 000 variétés de plantes, Pascal Garbe sait aussi cultiver ses liens avec les « people ». Son ami Michel Fugain s’est rendu aux jardins pour cueillir la rose qui porte son nom. Le nageur Camille Lacourt, le footballeur Robert Pirès ou encore l’actrice Marina Vlady y ont planté un arbre. Les vedettes de cet été auront été les Amérindiens venus présenter leur culture dans le jardin des Premières Nations du Québec aménagé en leur honneur dans le verger mosellan.

En dépit d’une renommée croissante, le site reste par essence populaire et hédoniste.

Les plantations que nous présentons sont simples et abordables, pour donner aux visiteurs l’impression qu’ils pourront faire la même chose chez eux. Elles doivent aussi réveiller la sensualité, l’émotion et le rêve.

Les jardins ont encore brillé de leurs plus beaux éclats d’automne lors des dernières Journées du patrimoine.

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