Pascal Courtinot, le « Monsieur entreprises » de la région Lorraine, a suivi les dossiers économiques les plus chauds.
Public, parapublic, privé… Pascal Courtinot, 39 ans, a exercé dans les trois secteurs avant d’être nommé, en février dernier, directeur du service des PME/PMI et des projets d’entreprises au conseil régional de Lorraine. Résolument épris d’intérêt général, il n’imagine plus son avenir hors de la fonction publique.
Ma principale ambition est de continuer à découvrir et à construire dans un plan de carrière qui s’articule autour du domaine de l’économie.
indique ce passionné de philosophie, d'histoire religieuse et de littérature.
De Bata à Daewoo
C’est à Metz, comme consultant au cabinet KPMG, que ce Parisien d’origine a fait ses débuts.
Pendant les très difficiles années 1992-94, je vendais des prestations de conseil à des chefs d’entreprise confrontés au creux de la vague du cycle économique. Ils avaient beaucoup plus d’expérience que moi ; j’avais fait beaucoup plus d’études qu’eux, et j’ai ressenti de l’empathie pour eux.
En 1995, Pascal Courtinot est recruté par le secrétariat général pour les affaires régionales (Sgar) en tant que conseiller technique aux affaires économiques et industrielles. Il continue de plancher sur des dossiers sensibles : plans sociaux des usines de téléviseurs Grundig, Gooding et Continental Edison à Creutzwald (Moselle), difficultés du chausseur Bata…
La mission d’aide aux entreprises en difficulté, qui n’existe plus, consistait à mobiliser des outils comptables pour accompagner la restructuration d’une entreprise et éviter son dépôt de bilan. Pour orchestrer des sauvetages, on faisait intervenir des banquiers, les pouvoirs publics, les collectivités, les partenaires sociaux.
« La politique économique ne s’élabore pas en chambre »
Certain que « la politique économique ne s’élabore pas en chambre », aujourd’hui encore il nourrit des relations avec les établissements bancaires, les organisations professionnelles et syndicales, les organismes consulaires et les réseaux de création d’entreprises.
Alors que les gens ont tendance à créer des barrières, je cherche ce qui les rapproche. Les situations de conflit ne m’effraient pas : je suis convaincu que, si la solution existe, on la trouvera. Je suis partisan non pas du consensus à tout prix, mais de la pédagogie.
En septembre 1998, nommé adjoint au chef de mission en charge de l’ingénierie financière, des organismes extérieurs et des relations avec l’Etat au conseil régional de Lorraine, Pascal Courtinot participe aux préparations du Projet lorrain et du contrat de plan Etat-région.
J’ai monté de A à Z le fonds régional de garantie de Sofaris régions (*), qui présente une capacité de mobilisation de 6 millions d’euros au service de la recapitalisation et du développement des entreprises.
Chargé de contractualiser les relations de la région et de ses pépinières d’entreprises, boutiques de gestion, plates-formes d’initiatives locales ou institut de développement des initiatives locales, il est confronté, outre à l’effondrement de pans des industries du textile et du bois, au dépôt de bilan de Bata, à la déroute du groupe Daewoo et à la disparition de l’équipementier Flextronics…
Anticiper les crises
Pascal Courtinot a une certitude :
Pour maintenir une industrie régionale, il faut innover en permanence dans le domaine des produits et des composants. Une haute valeur ajoutée qui passe par la qualification du personnel.
Il attache donc une grande importance à la « gestion des compétences ». Mission qu’il doit mener auprès des filières en difficulté (à titre préventif) et des entreprises ayant déposé leur bilan. Le plan de soutien conjoncturel élaboré fin 2002 s’adresse donc aux entreprises viables contraintes « d’ajuster leur variable sociale » et à celles qui sont en redressement judiciaire ou en liquidation.
En cas de plan social, les salariés sont surtout demandeurs d’indemnités supra légales de licenciement. Mais il nous semble important d’anticiper leur reclassement par le biais de bilans de compétences individuels et d’actions de formation individuelles et collectives.
Pascal Courtinot
J’ai fait la connaissance de Pascal Courtinot au secrétariat général des affaires régionales (Sgar), où j’ai participé, de 1996 à 1999, à la mission économique en charge de la réindustrialisation dans les Vosges. Au Sgar, on peut obtenir une vision complète de l’interministérialité. Pascal Courtinot y a vu l’implication de tous les ministères dans les questions d’emploi, de formation professionnelle, de gestion de plans sociaux, de prospective, de développement de projets et d’aménagement des territoires. Il s’y est constitué un réseau précieux parmi les acteurs de l’économie, de l’emploi et des finances. De plus, sa formation en comptabilité lui permet une lecture technique immédiate des dossiers. Il a les atouts pour réussir sa mission.
Sylvie Vouaux, chef de service presse et communication du cabinet du préfet de région.
- Formation : diplôme de l’Institut des études politiques de Toulouse, certificat d’études européennes à l’Institut des hautes études européennes de Strasbourg et DESS de management d’entreprises à l’Institut d’administration des entreprises de Metz.
- Statut contractuel : directeur du service des PME/PMI et des projets d’entreprises du conseil régional de Lorraine, placé sous l’autorité directe du DGA des services, chef de la mission développement économique et formation professionnelle.
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