Au terme d’un été sec et chaud, la préfecture des Vosges a rendu des arrêtés censés clarifier l’exploitation et la gestion de la nappe souterraine de Vittel, source de polémique depuis cinq ans. Les autorisations prennent acte des engagements de Nestlé Waters, qui limitera ses prélèvements dans le gite C dit du Trias inférieur (GTI) et rétrocédera deux forages du gite B aux collectivités.
Basées sur les résultats d’une enquête publique, les directives entérinent un jeu de vases communicant qui semble en mesure de sauver le GTI de l’assèchement. Mais la transparence des données sur les volumes d’eau et l’interaction des captages souterrains sur les milieux aquatiques font toujours des remous.
Réduction volontaire
La préfecture ne modifie pas les volumes de captage, mais leur répartition. Elle autorise toujours des prélèvements de 902.000 mètres cubes dans la nappe A, fortement minéralisée, dont Nestlé Waters tire son eau minérale Hepar. Dans le gite B, la préfecture autorise Nestlé Waters à puiser au maximum 1,7 million de mètres cubes par an pour produire ses eaux Contrex et Bonne Source. Mais Nestlé Waters rétrocèdera deux ouvrages de captage aux collectivités, qui gagnent ainsi 300.000 mètres cubes par an.
L’entreprise suisse a par ailleurs demandé à la préfecture de ramener de 500.000 à 200.000 mètres cubes son autorisation de prélèvement dans le gîte C. Présentée comme vertueuse, la démarche tient aussi à la perte de marchés allemands suite à des contestations écologistes.
Calculs de robinets
La rétrocession des forages aux communes permet de parcourir un tiers du chemin vers la stabilisation de la nappe profonde. J’ai bon espoir que nous parvenions à atteindre avant 2027 le seuil à partir duquel le gite C commencera à se régénérer.
Marc Hoetzel, directeur général de l'agence Rhin Meuse
La réduction des pompages de la fromagerie de l’Ermitage, également utilisatrice de la nappe C, et une meilleure gestion des fuites constituent d’autres sources de progrès.
Reste à rapprocher les calculs de robinets de la réalité des nappes. Le rapporteur de l’enquête publique a pointé le manque de données sur les capacités de stockage des gîtes A et B, d’où l’impossibilité d’établir des modèles à long terme. Un observatoire doit permettre des mesures plus complètes. Mais les associations environnementales dénoncent un tour de passe-passe.
La préfecture délivre des autorisations à l’aveugle.
Jean-François Fleck, porte-parole du collectif Eau 88
Les associations contestent les autorisations accordées pour une durée de dix ans et demandent un moratoire qui permettrait leur révision en fonction des relevés effectués.
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