Le fabricant mosellan d’imprimantes 3D a ouvert un centre de formation pour sécuriser ses propres besoins de recrutement et ceux de ses clients. Le Grand Est y recourt pour accompagner l’émergence de nouveaux métiers.
A première vue, le procédé paraît magique : un simple clic déclenche l’impression d’un objet conforme au micron près à la forme attendue. Mais en l’absence de formation adéquate, les industriels bluffés par la 3D risquent de déchanter.
La technique repose sur quatre piliers : la conception, la machine, la matière première et le paramétrage. Si ces éléments ne sont pas maîtrisés, la pièce sera forcément ratée.
Daniel Heydt, responsable du centre de formation Open Edge
Créé par le groupe Alchimies, spécialiste historique de l’impression 3D, l’organisme basé à Dieuze, en Moselle, a été retenu fin 2017 par le conseil régional du Grand Est, qui a cofinancé à hauteur de 80 % une formation de 1.192 heures sur huit mois dans le cadre de son Fonds investissement formation.
Co-construite en partenariat avec huit entreprises, les collectivités du sud mosellan, Pôle emploi, Cap emploi et les missions locales, l’initiative s’est soldée par un bilan probant. Recrutés parmi 150 candidats tous demandeurs d’emploi, 12 stagiaires âgés de 20 à 47 ans et dont les qualifications vont du maçon à l’ingénieur, ont presque tous trouvé un emploi dès l’issue de la formation. Open Edge sélectionne d’ores et déjà 12 nouveaux candidats pour la prochaine rentrée et en prévoit une troisième dès janvier 2019. Le centre lance en parallèle une initiation à la fabrication additive d’une centaine d’heures dans le cadre d’un BTS en alternance. Par ailleurs, une promotion d’élèves ingénieurs en cobotique et robotique de l’institut Imérir de Perpignan, passera un an dans le sud mosellan pour s’initier à la fabrication 3D.
Le groupe Alchimies, qui compte 17 salariés dont quatre sont affectés à la formation, fournit des imprimantes 3D ou sur mesure à des clients divers, de l’équipementier automobile au cabinet d’architectes. Open Edge se trouve ainsi en prise directe avec les besoins des industriels et forme ses stagiaires à l’ensemble des technologies, logiciels et machines – y compris celles de ses concurrents. Flexibles, les modules font appel à une quinzaine d’intervenants extérieurs et seront révisés chaque année. Le centre assure également une veille technologique et une activité de recherche. Conscient des risques potentiels des poudres et résines pour la santé de l’utilisateur, il a développé, à la demande de Safran Helicopter engines, une imprimante incluant le captage des particules.
Fortement impliquée dans la thématique de l’Usine du futur, le Grand Est a retenu les formations à l’impression 3D dans le cadre de ses Contrats d’objectifs territoriaux, qui concentrent prospective, promotion des métiers et formations professionnels dans des domaines jugés porteurs.
La formation initiale aux métiers de la 3D est encore insuffisante, alors même qu’ils ouvrent des débouchés multiples et qu’ils s’avèrent très attractifs. Les formations en cours sont particulièrement adaptées aux demandeurs d’emploi en reconversion, car elles leur permettent de repartir sur de nouvelles bases, quel que soit leur niveau.
Véronique Marchet, présidente de la commission Formation de la région Grand Est
Les métiers de la fabrication additive répondent également à l’insertion professionnelle des personnes handicapées. Demandant un long travail de conception en amont, mais une manutention allégée, l’impression 3D facilite l’ajustement du poste de travail, notamment dans les métiers de la plasturgie.
Ajouter au lieu de soustraire
Le métier « d’imprimeur 3D » ou de « tourneur-fraiseur additif » n’a pas encore d’intitulé définitif, mais le principe de la fabrication additive commence à entrer dans les mœurs. Là où l’usinage « classique » retire la matière d’un bloc jusqu’à obtenir la forme voulue, l’impression en 3D l’objet procède par l’ajout de couches successives de poudres, de liquide, de ruban ou de fil.
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