La Lorraine se trouve-t-elle à la pointe ou à la traîne de l’économie numérique ? Selon les statistiques de Pôle emploi (*), la région se classe en 17ème position nationale en la matière, mais ce piètre classement revêt de grandes disparités. A Nancy, l’informatique s’est développée dès la fin des années 90 grâce à la tradition universitaire, médicale et bancaire de la ville. Le Grand Nancy recense aujourd’hui 900 entreprises et 8 000 salariés dans ce secteur et compte quelques leaders nationaux dont Pharmagest Interactive, pionnier de l’informatique médicale ou Adista, spécialiste des réseaux des collectivités. Metz a vu naître Applicam, précurseur de la carte de payement, et ProConsultant Informatique, devenu fournisseur des systèmes de gestions des chaînes de télévision dans le monde entier. Premier département de France à avoir développé un réseau de fibre optique de grande envergure, la Moselle irrigue aujourd’hui à haut débit l’ensemble de ses zones d’activité.
Dans les vallées fertiles de Lorraine, les opérateurs rivalisent d’offres alléchantes et de tarifs réduits. Ils se font moins pressants dans les bassins sinistrés et les villages ruraux. Dans les années 2000, la libre concurrence en matière de téléphonie mobile a montré ses limites. La Meuse a ainsi dû batailler durant des années pour résorber ses zones blanches. Les nouvelles exigences en matière de très haut débit supposent aujourd’hui des investissements lourds que la Lorraine aura bien du mal à étendre à l’ensemble de son territoire. Les départements partent à la conquête de subventions en ordre dispersé. Jusqu’à présent, la Grande Région n’a pas su faire valoir son potentiel numérique à l’échelle transfrontalière.
Or, l’e-économie n’a rien de virtuel. Le numérique est à la fois une industrie, un commerce et un service. Sa performance constitue un facteur de compétitivité des entreprises, mais aussi un enjeu de santé publique et un gage d’égalité des territoires. Le télétravail, la télémédecine ou le téléenseignement de demain s’appuieront sur les infrastructures à construire aujourd’hui. Le dernier rapport du Conseil économique, social et environnemental de Lorraine dresse en 150 pages un état des lieux et un panel de propositions visant à reconnecter la région à la France du numérique. L’accès au très haut débit s’avère aussi crucial que le furent en leur temps l’électricité ou l’eau courante. Il incombe à l’ensemble des entreprises, collectivités et citoyens de veiller à ce que la Lorraine ne rate pas la marche.
(*) extrait d’une étude de l’Agence de Développe¬ment et d’Urbanisme de l’Agglomération Strasbour¬geoise citée dans le rapport du CESE.
Pascale Braun
À la tribune
À la Une
Numérique : L’art nouveau de Nancy
Terre d’industrie, la région cultive une culture numérique qui a permis l’émergence de quelques fleurons nationaux.
Metz s’enorgueillit de quelques belles réussites, mais le numérique s’est surtout enraciné à Nancy. Place forte universitaire, médicale et financière, l’agglomération nancéenne a vu certaines de ses start-up des années 1990 s’imposer sur leurs secteurs respectifs, tels que Finance Net, la maison mère de Boursorama, pionnier de l’information financière; Miss Numérique, acteur de référence de l’e-commerce appliqué à la photo numérique; ou encore RMI-Adista, ex-hébergeur devenu acteur majeur de la fibre optique.
Adista et Cienum fusionnent pour irriguer le territoire
L’opérateur nancéien de services hébergés Adista et le stéphanois Cienum, éditeur et créateur de services internet, ont fusionné courant juillet pour constituer un groupe de dimension nationale.
Opérateur historique des services aux collectivités, Adista (ex-RMI SAS), accompagne depuis 2007 les collectivités dans le passage au très haut débit. Le groupe irrigue désormais tout le territoire et intervient sur quelque 70 réseaux d’initiative publique. Présent dans 19 agences, Adista est passé en l’espace de cinq ans de 50 à 150 salariés et annonce pour 2013 une septième année de croissance consécutive.
La Meuse engage la bataille des zones blanches
Laissé-pour-compte dans la répartition des zones desservies décidée par le CIADT numérique, le conseil général de la Meuse a mis au point un plan de couverture précis détaillant ses priorités. Trois ans d’âpres négociations ont été nécessaires pour aboutir à un accord, en mai dernier, avec les opérateurs.
Département rural particulièrement concerné par les zones blanches de la téléphonie mobile, celles où l’on ne capte aucun réseau, la Meuse s’est mobilisée en 2001, dès le lendemain du Comité interministériel d’aménagement et de développement du territoire de Limoges, dit Ciadt numérique pour procéder à un état des lieux des défauts de couverture.
Pharmagest inaugure le premier data center privé de Lorraine
Filiale de la coopérative européenne de pharmacie Welcoop, le nancéien Pharmagest a inauguré le 10 juin le premier data center privé de Lorraine au terme d’un investissement de 3 millions d’euros.
Spécialiste de l’informatique officinale, Pharmagest a obtenu en 2012 deux certifications relatives à la sauvegarde externalisée de données pour les professionnels et établissements de santé et pour la prestation d’hébergement d’applications de télémédecine. Délivrés par le ministère des Affaires sociales et de la santé, ces agréments l’ont conduit à lancer une extension de 360 mètres carrés dont 100 mètres carrés de stockage souterrain de données. Véritable coffre-fort, cet espace blindé placé sous haute surveillance mobilise dix spécialistes et présente une capacité d’hébergement équivalant à 10 000 disques durs virtuels.
Kutch virtuel pour un métrage instantané
La communauté de communes du pays de la Déodatie, en Lorraine, est l’un des premiers utilisateurs du logiciel Bati-Kutch, un procédé qui permet de métrer en quelques clics tout type de construction ou d’élément de voirie.
À la fin du XVIIIe siècle, la famille viennoise Kutch a mis au point une règle à échelles, à trois faces et à double graduation, qui permettait de calculer les distances sur une carte ou un plan. La trouvaille est restée incontournable avant que le logiciel de métrage Bati-Kutch n’en propose une version informatique.
Mis au point par la société vosgienne Synaptik, filiale du spécialiste des maisons en bois Poirot Construction, le portail Bati-Kutch.fr permet de calculer en quelques clics les surfaces bâties, longueurs de conduites ou périmètres d’espaces verts à partir d’un plan ou d’une photo.
J.-C. Nguyen Van Sang : Le haut débit fertilise les territoires
La toute jeune Fédération des industriels des réseaux d’initiative publique (Firip) veut apporter sa contribution à la feuille de route numérique du gouvernement.
Rencontre avec le délégué général de la Firip, Jean-Christophe Nguyen Van Sang.
Officiellement créée le 6 décembre, la Fédération des industriels des réseaux d’initiative publique ou Firip* n’aura mis que trois mois à se constituer. Elle regroupe une trentaine d’entreprises dans toute la France, présentant des tailles et des activités différentes, mais toutes liées au développement de la fibre optique (Groupe Marais, Firalp, Scopelec, Sogetrel…).
Bati Energie propose un bouquet numérique aux artisans
Pour aider les artisans et dirigeants de petites entreprises à capter les marchés du Grenelle, le réseau Bati Energie, soutenu par les instances lorraines de la fédération du bâtiment et de la Capeb, leur proposera dès juillet prochain un bouquet de services en ligne.
Le site « Pros de l’éco-rénovation » met à disposition des adhérents un service de secrétariat en ligne, une aide à la qualification ou encore des conseils de financement. Pour leur permettre de se recentrer sur leur cœur de métier, Bati Energie propose également un centre de relation clients et la possibilité d’éditer devis, factures et attestations. Dès l’an prochain, les numéros verts « SOS Chantier » et « Assistance technique » accompagneront les professionnels en cas de panne.
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