Environ un millier de manifestants ont défilé ce mardi à Bure (Meuse) pour protester contre le projet d’enfouissement profond des déchets radioactifs, Cigéo.
En ce mardi de l’Assomption, les hélicoptères de la gendarmerie ont survolé deux étranges processions entre Bure (Meuse) et Saudron (Haute Marne). Dans les chemins, un bon millier de manifestants avançaient dans une ambiance à la fois festive et combative. Le long des routes, policiers et gendarmes, presque aussi nombreux, prenaient position pour bloquer les accès aux installations de l’Andra, l’agence nationale chargée de gérer le projet d’enfouissement profond des déchets radioactifs Cigéo.
Inéluctables, les affrontements ont commencé en milieu d’après-midi à la croisée des chemins. Casques contre cagoules, pierres contres lacrymogène, la bataille a vite fait rage dans les beuglements éperdus des vaches confinées à l’étable. Épicentre de la contestation, la Maison de la résistance implantée depuis une quinzaine d’années au coeur de Bure s’est muée en fin de manifestation en hôpital de campagne où trois manifestants blessés ont été accueillis.Selon la préfecture de la Meuse, citée par l’AFP, un gendarme mobile souffrait d’un « trauma sonore » et était « en cours d’évacuation » en fin d’après-midi.
Le village meusien est désormais coutumier de manifestations tantôt bon enfant, tantôt violentes.
Durant des années, on nous a laissés manifester dans une complète indifférence. Les choses ont changé voici trois ans avec l’arrivée de jeunes qui ont imposé une autre théâtralité. Les politiciens locaux affirment que les citoyens sont terrorisés par les « zadistes ». Mais c’est surtout le projet d’enfouissement qui nous terrorise.
Marie, enseignante d'une soixantaine d'années
« Changement de ton »
L’an dernier, l’Andra avait tenté de murer le bois Lejuc dont elle venait de faire l’acquisition en prévision de l’installation de puits en surface de ses futures installations. Dès lors s’est engagé un jeu du chat et de la souris tant physique que juridique entre les opposants, l’Andra et la police.
Nous constatons un changement de ton. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a rendu cet été des conclusions défavorables à l’Andra et a engagé avec la population un dialogue qui n’existait pas auparavant. Et le nouveau gouvernement s’est bien gardé d’évacuer le bois Lejuc.
Jean-Marc Fleury porte-parole du collectif des élus du Grand Est opposés à enfouissement
L’opposition a peu à peu agrégé anti-nucléaires de longue date, riverains et militants aguerris venus, entre autres, de Notre-Dame-des-Landes.
Cette violence me désole. Les manifestations festives seraient à mon sens plus valables mais en France, on n’est pas écoutés.
Jean Mangin, prêtre de la paroisse de Ligny-en-Barrois et opposant historique à Cigéo
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