La commune a su faire d’une énorme friche centrale un tremplin vers un nouveau projet urbain. Pivot de trois de trois départements, elle ne méconnait pas son attractivité, mais veille à préserver l’esprit de village.
A Novéant-sur-Moselle, l’onde de choc provoquée en 2004 par la fermeture de l’usine de sacs en papier Lembacel-Smurfit s’est transformée en une impulsion urbanistique majeure. Certes, la mobilisation a permis d’atténuer la casse sociale parmi les ouvriers dont l’effectif avait atteint 150 salariés, dont un grand nombre de femmes, au plus fort de l’activité. Mais la commune risquait de trouver aux prises avec une énorme friche au centre du village.
Pour les nouveaux élus que nous étions, le site de Lembacel représentait une grande responsabilité : il fallait absolument faire revivre cet espace.
Stéphanie Jacquemot
L’élue a entamé en juin 2020 entamé cet été un quatrième mandat en tant qu’adjointe à l’urbanisme.
Construite durant la deuxième occupation allemande, l’usine témoignait d’un passé fortement marqué par son passé de poste frontière de la Moselle. Edifiée sur l’emplacement de chais viticoles, elle s’est progressivement étalée sur 10.000 mètres carrés entre la rue de la Dalle et l’avenue Foch. L’Etablissement public foncier de Lorraine a aidé la commune à faire table rase de vestige dès 2006 et a accompagné les élus dans leur réflexion autour de cette page blanche.
Là où d’autres communes faisaient le choix d’un écoquartier, nous avons opté pour un projet qui répondrait aux besoins de la population actuelle et aiderait nos jeunes à rester au village.
Stéphanie Jacquemot
L’îlot Saint-Genest qui s’achève aujourd’hui au centre de Novéant correspond presqu’intégralement aux esquisses initiales. Conçu en fonction des trois cotes distinctes délimitant les zones inondables, le projet a été validé par la direction départementale de l’équipement. La loi sur l’eau de 2006, puis la crise de 2008, ont néanmoins refroidi les ardeurs des promoteurs, d’autant de les élus récusaient les projets trop denses et limitaient la construction à une soixantaine de logements neufs. L’agence immobilière familiale Martel a relevé le défi en échelonnant les constructions au fur et à mesure des promesses d’achat. L’îlot a ainsi pris forme en plusieurs phases. Les quatre derniers bâtiments seront livrés d’ici à l’été 2021 et la municipalité espère pouvoir inaugurer fin août, aux alentours de la Saint Genest, cet ensemble de 50 logements et de 11 cellules commerciales et tertiaires. Le centre médical y accueille déjà une dizaine de praticiens.
Dès sa genèse, l’îlot Saint-Genest a amorcé un infléchissement de la « traverse », surnom de la départementale 6 à hauteur de l’avenue Foch. Cette sécurisation ouvre un nouveau chantier d’un montant de 2,2 millions d’euros. Confiés au bureau d’études Berest et à l’agence paysagère Amplitude, les travaux prévoient la rénovation des voieries et réseaux, puis la création de trottoirs, d’un giratoire et de stationnements à hauteur de la gare. La perspective d’abattre une trentaine d’arbres centenaires ne fait pas l’unanimité : la pétition « Non à la destruction des arbres centenaires sur la place de la gare à Novéant-sur-Moselle » a rassemblé plus de 40.000 signatures en France entière.
Vu de l’extérieur, il peut sembler choquant de couper des arbres pour les remplacer par des parkings. Mais notre projet permet de remédier à de grosses difficultés de circulation et ces 35 arbres, pas toujours en bon état, seront remplacés par 47 plantation à hautes tiges.
Philippe Renauld, maire de la commune dont il était conseiller depuis 12 ans
A la fois très fréquentée et désaffectée, la gare constitue un enjeu à la fois municipal et intercommunal. La halte TER est empruntée par de nombreux voyageurs provenant des 48 villages de la communauté de communes interdépartementale Mad et Moselle, qui regroupe 22.000 habitants, et de la Meuse toute proche. L’accès aux quais étant entièrement automatisé, la SNCF a mis en vente le bel édifice bâti en 1850. Le lieu pourrait se convertir en point regroupement de services publics communautaires, dans la continuité de la zone d’activité en cours d’aménagement au long de la Moselle. Les friches ferroviaires doivent accueillir un centre commercial, une caserne de pompiers et des entreprises artisanales locales.
Nous ne visons pas une extension démesurée du village, mais un développement maîtrisé qui préservera la qualité de vie du village.
Philippe Renauld
Les futurs occupants des derniers appartements de l’îlot Saint-Genest porteront la population de Novéant à près de 2.000 habitants, et la commune n’est pas pressée de dépasser ce seuil. Inséré entre la voie ferrée, des zones inondables et des coteaux peu constructibles, le village entend préserver ses charmes naturels. Situé à la confluence de la Moselle, de la Meurthe-et-Moselle et de la Meuse, au cœur du parc naturel régional de Lorraine et sur la route du lac de Madine, qui constitue l’un des hauts-lieux touristique de la Lorraine, le village est fréquemment traversé en voiture, mais aussi à vélo. La véloroute l’Echappée bleue permet de rallier Metz en moins d’une heure, mais le pont qui enjambe la Moselle n’est pas sans danger. Une passerelle piétonne et cyclable accolée à l’ouvrage pourrait rendre la traversée plus plaisante au cours des prochaines années.
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