En période de disette financière généralisée, les fonds européens aiguisent les appétits : sitôt ouvert le guichet des candidatures aux fonds Interreg V-A, le Secrétariat conjoint chargé de leur gestion a reçu 84 candidatures sollicitant 165 millions d’euros, soit 20 % de plus que l’enveloppe globale disponible d’ici à 2020.
L’époque où les fonds européens peinaient à trouver preneur est bel et bien révolue : le premier appel d’offres au nouveau programme Interreg V-A a suscité un engouement immédiat avec 84 candidatures représentant une demande de 165 millions d’euros dès l’ouverture des premiers plis, alors même que l’Union européenne ne programme que 140 millions d’euros de fonds Feder Grande Région pour la période 2014/2020.
Nous avons été surpris et submergés par le nombre de demandes. Si nous les avions toutes satisfaites, nous aurions consommé 120 % des fonds dès leur ouverture ! Mais je ne suis pas mécontent que tant de partenaires se soient manifestés. Cela montre qu’il existe dans la Grande Région un réseau d’acteurs bien établis qui étaient déjà prêts à déposer leur demande.
Camille Gira, secrétaire d’Etat au ministère du développement durable et des infrastructures du Luxembourg
Sur les 82 candidatures jugées recevables, 21 portent sur l’axe 1 (« poursuivre le développement d’un marché du travail intégré en soutenant l’éducation, la formation et en facilitant la mobilité physique »), 28 sur l’axe 2 (« assurer un développement respectueux de l’environnement et du cadre de vie »), 11 sur l’axe 3 (« améliorer les conditions de vie » sur les thèmes des soins, de la prévention et de l’insertion sociale) et 22 sur l’axe 4 (« renforcer la compétitivité et l’attractivité de la Grande région ).
40 go, 42 no go
Constitué du conseil régional de Lorraine (la réforme territoriale ayant conservé cette prérogative régionale) et du ministère du Développement durable et des infrastructures du Luxembourg, le groupement européen de coopération territoriale chargé de la gestion des fonds a procédé fin avril à une sévère sélection. Seules 40 candidatures ont obtenu le « Go », selon la nouvelle procédure du « Go/no go » instaurée pour éviter aux porteurs de s’impliquer trop longtemps dans des projets sans avenir. Les candidats invités à poursuivre la démarche se répartissent entre 13 go sur l’axe 1 pour un montant de 19,2 millions d’euros, 16 go dans l’axe 2 pour un montant de 45 millions d’euros – en surconsommation de 21 % par rapport aux fonds effectivement prévus -, 4 go pour l’axe 3 pour un montant de 3,7 millions d’euros et 7 go sur l’axe 4 pour 15 millions d’euros.
Si tous les projets ayant obtenu un « go » voyaient leurs demandes de financement acceptées en l’état, les fonds Interreg V-A seraient consommés à 64 %. Pour contenir cet appétit, le Comité de suivi envisage de réduire fortement le volet infrastructures, quitte à contraindre les porteurs à trouver d’autres cofinancements ou à différer leurs projets. Il prône également des compromis pour permettre à de nouveaux acteurs d’émerger, écartant de facto certains postulants ayant déjà bénéficié des fonds Interreg précédents. Si diplomate soit-il, le GECT Grande Région fera forcément des déçus.
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