L’agglomération nancéenne mise sur l’université de Lorraine pour soutenir son renouveau industriel.
Nancy aime briller. Sous l’intitulé Renaissance Nancy 2013, la cité des Ducs égrènera tout au long de l’année des manifestations culturelles pour commémorer son âge d’or, vers la fin du XVIe siècle, et mettre en valeur son potentiel contemporain. La chambre de commerce et d’industrie de Meurthe-et-Moselle lance en parallèle l’opération Conquête 2013. Elle s’est ouverte le 3 mai avec des invités de marque, l’ex-chancelier allemand Gerhard et Philippe Maystadt, l’ancien président de la Banque européenne d’investissement (BEI).
Nous posons ainsi les jalons d’un rendez-vous annuel de haut niveau pour conférer plus de visibilité à la Lorraine tout entière. La logique d’unité qui se profile doit nous permettre de conforter des filières bien ciblées dans le domaine des matériaux, de la mécanique, de la métallurgie et de la matière, mais aussi dans le secteur de l’énergie, de la santé et des biotechnologies.
François Pélissier, le président de la chambre de commerce et d’industrie et dirigeant du groupe de construction écologique nancéien Ecologgia.
Promouvoir le savoir faire local
Longtemps figée dans la mono-industrie sidérurgique, l’industrie meurthe-et-mosellane a bien besoin de ce coup de projecteur. Le savoir-faire acquis dans la transformation des métaux perdure dans nombre de PME. Fondé voici un siècle et demi, Dupont Médical, situé à Frouard, s’est imposé en leader français des fauteuils roulants, lève-personnes et autres équipements de maintien à domicile. Fabricant de matériels d’entretien routier, Noremat engage un investissement de 4 millions d’euros pour étendre son site de production de Ludres. À Pont-à-Mousson, Gris Découpage, spécialiste des pièces de fixation, a investi 10 millions d’euros en trois ans pour conquérir les constructeurs automobiles français et étrangers. L’entreprise s’est implantée l’an passé dans la Ruhr et vient d’annoncer trois contrats d’envergure.
Aux industries traditionnelles se sont ajoutés, au cours des trente dernières années, quelques fleurons de l’industrie pharmaceutique et médicale en liaison étroite avec la tradition universitaire de Nancy. Spécialiste de la production et de la purification des molécules, Novasep a ainsi été fondé par Roger-Marc Nicoud, un jeune Savoyard venu étudier à Nancy, qui a ensuite implanté un groupe de dimension mondiale à Pompey. Leader national des solutions informatiques dédiées aux officines, Pharmagest Interactive, établi à Villers-lès-Nancy, trouve dans l’agglomération un vivier de grandes écoles, dont l’Institut commercial de Nancy (ICN) créé en 1905, et Télécom Nancy, auprès desquelles le groupe effectue ses recrutements techniques et commerciaux.
Qu’il s’agisse de nos ressources propres ou de nos développements stratégiques, nous trouvons un tissu très favorable au développement de projets liés à l’informatique de santé.
Dominique Pautrat, le directeur général de Pharmagest Interactive
Le groupe, qui emploie 750 salariés, s’est diversifié dans l’e-santé et a vu son projet de télétraitement de l’insuffisance rénale chronique retenu au titre des investissements d’avenir. Née en 2012 de la fusion des universités de Nancy, Metz (Moselle), Épinal (Vosges) et Thionville (Moselle), l’université de Lorraine compte bien amplifier cette vocation de creuset.
Les acteurs institutionnels sont désormais unis par une réelle solidarité et font preuve de cohérence pour développer le tissu économique régional. Nous sommes pleinement conscients des attentes des entreprises vis-à-vis de l’université de Lorraine. Elles découvrent aujourd’hui notre potentiel, notamment en recherche appliquée. Grâce à nos propres centres de recherche ou via des laboratoires conventionnés, nous sommes en mesure de leur apporter des réponses dans les mêmes délais que les bureaux d’études privés.
Vincent Queudot, le directeur des partenariats de la faculté
La formation au service de l’inovation
Avant leur unification, les quatre universités régionales se sont rapprochées des entreprises en développant les Ateliers de transfert et d’innovation (ATI). En cinq ans, la démarche a permis d’identifier les besoins d’une cinquantaine de PME, puis de constituer des groupes pluridisciplinaires d’étudiants encadrés par des chercheurs pour leur apporter des solutions. Cofinancés par le conseil régional de Lorraine, les ATI, qui ont déjà impliqué 250 étudiants, doivent s’amplifier jusqu’à englober 30 PME par an. Autre spécificité régionale, le pôle entrepreneurial offre aux étudiants tentés par l’entreprise un statut de stagiaire-entrepreneur, qui leur permet de démarrer une activité avant d’avoir achevé leur cursus. À Nancy, l’Incubateur lorrain accompagne les chercheurs dans la création et dans le développement de leur entreprise. Ainsi, la start-up Biolie, spécialisée dans l’extraction d’origine végétale, a pu conserver sa R & D au sein de l’incubateur tout en lançant un projet de bioraffinerie hors de ses murs.
Les entreprises pourront aussi s’appuyer sur le Noyau d’ingénierie et de technologie (NIT), la première fondation universitaire de Lorraine, pour soutenir les projets de recherche en phase avec les besoins des PME. Ces deux prochaines années, le redéploiement de l’institut Jean Lamour, à Nancy, et la création de l’Institut de recherche technologique Matériaux, métallurgie, procédés (IRT MP2), à Metz, monteront encore d’un cran le niveau de la recherche lorraine.
“L’université de Lorraine consolide le territoire”
Jacques Bachmann, fondateur de Noremat et président de l’association Dynapôle entreprises de Ludres-Fléville
Qu’attendez-vous de Renaissance Nancy 2013 et de Conquête 2013 ?
Renaissance Nancy 2013 est un événement grand public. Alors que Conquête 2013 vise à redonner aux acteurs économiques une place et une légitimité sur le plan régional. Le tissu industriel était devenu très pauvre. La nouvelle génération de patrons doit aller à l’attaque pour faire connaître les multiples facettes de nos industries.
Quel doit être le rôle de l’université de Lorraine ?
Elle enrichit et consolide le territoire. L’université fédère des activités complémentaires dont les matériaux, la biotechnologie et le numérique – même si elle ne sait pas encore suffisamment vendre la finalité de ses recherches aux entreprises. Elle conforte l’unité régionale. Nous sortons enfin des rivalités ridicules entre Metz et Nancy.
Quels autres atouts voyez-vous pour le territoire ?
Nous bénéficions dans l’agglomération nancéienne du réseau ATP (une association, un territoire, un projet), qui a instauré un climat de confiance. Nous disposons de zones d’activités dynamiques et bien desservies, notamment à Ludres et à Pompey.
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