Soutenu par Europe écologie-Les Verts, le socialiste Mathieu Klein remporte la mairie de Nancy, détenue par le centre droit depuis l’Après-Guerre.
Président socialiste du Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, Mathieu Klein avait certes dépassé d’une courte tête le maire sortant Laurent Hénart au premier tour des municipales de Nancy. Mais nul n’aurait pronostiqué qu’il l’emporterait avec 54,5 % des voix, soit près de 10 points d’avance sur le poulain d’André Rossinot, président de la métropole du Grand Nancy et figure tutélaire de la ville depuis près de quarante ans.
Secrétaire d’Etat en charge de l’Insertion professionnelle du gouvernement Raffarin en 2004 et actuel président du Mouvement radical, Laurent Hénart n’aura donc effectué qu’un unique mandat qui ne laissera le souvenir d’aucune réalisation marquante. Les grands projets municipaux tels l’extension du Musée lorrain ou l’achèvement de l’écoquartier de centre-ville Nancy Grand Coeur sont restés au milieu du gué. Les chantiers communautaires du Grand Nancy, dont le tramway et Nancy Thermal, sont quant à eux obérés par un lourd endettement de 2.500 euros par habitant.
Alternance et consensus
Militant socialiste depuis 1992, Matthieu Klein, 44 ans, s’est présenté dès l’annonce du résultat comme le représentant de l’alternance, tout en s’inscrivant dans la continuité des grands projets de l’agglomération. Le nouveau maire briguera très probablement la présidence de la métropole du Grand Nancy, d’autant que son principal challenger à ce poste, François Werner, réélu maire de Villers-les-Nancy, ne présentera pas de candidature.
Le scrutin fait clairement apparaître une nouvelle sensibilité orientée vers la gauche écologiste. Pour autant, un consensus politique ne me paraît pas impossible pour mener à bien les grands projets liés à la mobilité et au thermalisme.
François Werner
Inspecteur général des finances, François Werner, encore vice-président de la métropole, est le gendre, à la ville, d’André Rossinot.
Déjà plombée par sa dette avant l’épidémie de Covid-19, l’agglomération aura sans doute le plus grand mal à boucler le projet de tram voté, fin 2019, pour près de 500 millions d’euros. En tant que conseiller communautaire, Mathieu Klein s’était prononcé en faveur de cet indispensable équipement, avant de conditionner le lancement des travaux à une réflexion élargie. En dépit de déboires récurrents, le tram sur pneu transporte quotidiennement 50.000 passagers. Sa réfection et son prolongement s’avèrent inéluctables, mais sous réserve d’autorisations administratives, l’équipement pourrait continuer à fonctionner durant quelques années.
Lever de crayon
Annoncé à l’horizon 2022 pour un montant de 97 millions d’euros, le projet Nancy Thermal de station thermale fait un relatif consensus. L’écoquartier de centre-ville Nancy Grand Coeur, achevé aux trois quarts, risque quant à lui de s’enliser. Mi-juin, André Rossinot a annoncé un « lever de crayon » sur les dernières parcelles à urbaniser. Si imagée soit-elle, la formule masque mal les difficultés de commercialisation et le peu d’enthousiasme pour des constructions que ses détracteurs jugent « d’une laideur stalinienne ».
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