L’intersyndicale de l’entreprise mosellane soupçonne sa maison mère, le belge Besix, d’avoir conduit la société au dépôt de bilan.
Quel que soit notre repreneur, nous ne tiendrons pas Besix pour quitte après un dépôt de bilan dont les circonstances nous semblent opaques.
Jean-Paul Deska, porte-parole de l'intersyndicale de Muller TP, spécialiste de travaux publics basée à Boulay (Moselle)
Placée en redressement judiciaire en janvier, l’entreprise mosellane, qui emploie 850 salariés pour 120 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2002, ne pardonne pas à la maison mère, le groupe belge Besix, d’avoir racheté en juin 2002 l’entreprise de travaux publics luxembourgeoise Lux TP, filiale et fleuron de Muller TP.
Lux TP constituait la garantie de Muller TP auprès du pool bancaire qui assurait notre trésorerie. Sa reprise par Besix, pour un montant sous-évalué de 8 millions d’euros, a déstabilisé le pool bancaire et conduit au dépôt de bilan de décembre dernier.
Jean-Paul Deska
Amertume
L’intersyndicale n’exclut pas d’exiger un comblement de passif si Besix ne contribue pas généreusement au plan social qui accompagnera la reprise. La mobilisation des salariés est à la hauteur de l’amertume que génère, dans l’Est mosellan, la déroute de l’ancien ténor national des travaux publics fondé en 1929 par les frères Muller.
Nous placions beaucoup d’espoir dans notre intégration à Besix en 1999. Or Muller TP a beaucoup apporté à Besix, notamment en lui permettant d’intervenir sur les marchés de l’aéroport de Paris et du port de Dunkerque. En revanche, Besix n’a assuré à Muller TP ni management adéquat ni soutien financier.
Patrick Welter, directeur du département viabilité de Muller TP
Titulaire de deux lots de terrassement du TGV Est pour un montant de 80 millions d’euros, l’entreprise se trouve empêchée de soumissionner aux appels d’offres depuis janvier dernier. Ayant remporté le marché du tramway de Bordeaux, elle s’efforce de poursuivre les travaux. La solidarité des collectivités locales lorraines, qui ont confié à Muller TP des petits marchés, a contribué à maintenir le moral des salariés. L’entreprise devrait être fixée au début avril sur l’identité de son repreneur.
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