Place forte des investissements étrangers, la Moselle accueillera ces 10 et 11 octobre un colloque franco-allemand sur la compétitivité des territoires. Le conseil général s’appuie sur cet événement pour rappeler ses atouts à l’Allemagne et au monde, dans la chasse aux investissements internationaux. Rôdé à la maîtrise d’ouvrage industrielle, l’appareil de production du BTP facilite la tâche de la collectivité.
Si la Moselle ne rêve plus d’un nouveau Viessmann ou d’un second Smart France, elle ne baisse pas pour autant les armes. Aux côtés du satellite du conseil général Moselle développement, l’Agence pour l’expansion de la Moselle-Est (Ageme) a pris en 2004 le relais de la mission réindustrialisation des Houillères du bassin de Lorraine (HBL). L’ex-bassin houiller reste éligible aux subventions du Fonds d’industrialisation des bassins miniers (FIBM) et aux prêts octroyés par la Société financière pour l’industrialisation des régions minières et régions en mutation (Sofirem). Le bassin sidérurgique et le sud mosellan – précarisé par la fermeture de Bata – bénéficient également des soutiens publics à la reconversion, via la Sodie.
Les extensions succèdent aux implantations
Nombre d’industriels initialement attirés par les trois P mosellans (primes, place et personnel) ont multiplié les extensions au cours des dix dernières années.
Située au cœur d’un réseau d’usines de montage, la Moselle garde un atout géographique majeur. Les aides régionales ont également constitué un facteur non décisif, mais positif, dans notre projet d’extension.
Jean Arnould, PDG du fabricant de colonnes de direction Thyssenkrupp Presta France, qui a investi 22 millions d’euros en début d’année dans l’extension du site de Florange
Lors de notre implantation à Forbach en 1990, la proximité de l’Allemagne, l’existence d’aides spécifiques et la présence d’un personnel bilingue ont constitué autant d’arguments décisifs. En 2007, ces atouts ont joué une nouvelle fois dans le choix de notre maison mère allemande d’investir 19 millions d’euros dans une extension de 5 000 m2, plutôt que dans une implantation hors Europe. Enfin, la disponibilité d’un foncier à bon prix permettra de concrétiser dès 2008 un projet de base logistique de 9 000 m2.
Serge Stark, responsable technique de la câblerie allemande Lapp, qui emploie 150 salariés à Forbach
Montage et ingénierie : un savoir-faire éprouvé
Au cours des 24 derniers mois, l’Ageme recense une cinquantaine d’implantations ou d’extensions sur son territoire. Ces chantiers constituent des marchés conséquents pour les maîtres d’œuvre et entreprises mosellans ou alsaciens. L’antenne bas-rhinoise de Cirmad Est, monteur d’opérations du groupe Bouygues, construit actuellement 1 800 m2 de stockage et 500 m2 de bureaux sur le site forbachois du producteur d’épices allemand Van Hees. Le programme d’un montant de 2,5 millions d’euros sera livré en avril 2008.
Héritier du savoir-faire des HBL en ingénierie, Coreal, basé à Freyming-Merlebach, est pour sa part intervenu dans la conception et la réalisation d’un centre de conditionnement de gaz industriels pour l’industriel Messer à Folschviller (1,2 million d’euros de travaux en 2007) et dans l’extension du producteur de CD Sonopress à Forbach (3,5 millions d’euros de travaux en 2006).
Notre capacité à répondre rapidement à la demande de l’industriel complète l’attractivité du territoire.
Roland Guerzoni, directeur général de Coreal, filiale du groupe d’ingénierie AC Développement
Floraison d’ateliers relais
Maître-mot des entreprises, la réactivité est aussi devenue le leitmotiv des collectivités, qui n’hésitent plus à construire des bâtiments-relais clé en main pour anticiper la demande des investisseurs. Pionnière de cette politique, la communauté de communes de Freyming-Merlebach lance les appels d’offres d’un cinquième bâtiment-relais commercialisable au début 2008 et s’apprête à déposer le permis de construire d’un sixième édifice.
Nous sommes parvenus à un modèle standard comportant environ 1 200 m2 d’ateliers pour 300 m2 de bureaux, pour un coût excédant rarement 1 million d’euros.
Gilles Rohm, directeur général des services
La communauté de communes Forbach-Porte-de-France prendra livraison fin octobre d’Eurodev Center, une pépinière d’entreprises de 2 500 m2 et de quatre ateliers relais de 200 m2 chacun sur l’Eurozone, zone d’activité franco-allemande de 100 ha dédiée à des activités tertiaires.
Sans aller jusqu’à investir dans des locaux prêts à l’emploi, de nombreuses collectivités de l’Est mosellan préparent ou finalisent l’extension des zones d’activité lancées voici vingt ans. Sollicité pour une étude sur l’offre foncière dans cet espace frontalier en 2004, le cabinet de conseil parisien Katalyse estimait la disponibilité à quelque 663 ha pour une consommation annuelle moyenne de 100 ha. Or, l’offre ne cesse de se développer – à un rythme qui dépasse nettement celui des implantations. Freyming-Merlebach, Sarreguemines, Folschviller, Faulquemont, Bouzonville ou encore Saint-Avold étudient ou engagent des travaux d’extension.
Mégazone : pari gagnant pour le BTP
A ces initiatives intercommunales, se superposent les mégazones portées par le conseil général de la Moselle. Investie par l’équipementier canadien Magna fin 2005, la mégazone du bassin houiller, à Farébersviller, comporte encore quelque 85 ha disponibles d’un seul tenant. Inaugurée début octobre dans l’ex pays du fer, la zone d’Illange propose 92 ha de terrains viabilisés avec possibilité d’extension sur 60 ha. Sur l’espace central de la métropole lorraine englobant l’aéroport régional et la gare d’interconnexion TGV, le département pose les jalons d’une mégazone de 100 ha.
Trois investisseurs potentiels ont déjà manifesté leur intérêt pour Illange, preuve que la demande de grands espaces fonciers existe. Or, il faut une dizaine d’années pour concrétiser un projet de mégazone – d’où la nécessité d’anticiper en permanence les possibles implantations. D’autant que le foncier n’est jamais perdu : dans le pire des cas, des zones industrielles inutilisées peuvent se convertir en espaces commerciaux ou en logements.
Jacques Mambriani, conseiller auprès du président du conseil général de la Moselle
Ces conversions pourraient aussi intéresser la logistique, grande consommatrice de terrains : 24 000 m2 prévus en 2008 sur la Zac Eurotransit de Tremery, 28 000 m2 sur celle de Metzange à Thionville d’ici à mars prochain pour Géodis, sans parler de l’implantation en cours de Créalog sur 9 500 m2 à Faulquemont…
Quelle que soient leur destination finale, les méga zones auront constitué une aubaine pour les TP, à raison de quelque 300 000 euros à l’ha.
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