Site pilote pour l’accueil des malades d’Alzheimer en Moselle, le Couaroïl cherche à s’étendre pour accompagner les résidents devenus grabataires.
Implanté à Saint-Quirin, village des Vosges mosellanes de 873 habitants, le Couaroïl est depuis sa création en 1997 un établissement de référence en matière d’accueil des malades d’Alzheimer. Annexe de la maison de retraite La Charmille, l’établissement a été conçu pour maintenir aussi longtemps que possible les capacités cognitives et physiques des résidents. Doté de vingt-quatre lits répartis en deux unités, il devait accueillir les malades dans cet environnement familial jusqu’en fin de vie. Mais leur vieillissement et leur dépendance physique croissante conduisent désormais la direction du Couaroïl à demander la création d’une troisième unité, réservée aux personnes démentes grabataires.
J’étais opposé à l’idée du transfert. Mais, lorsque la dépendance physique s’ajoute à la dépendance psychologique, l’ensemble de notre projet, basé sur la stimulation constante des capacités cognitives, est remis en question. Le personnel est soumis à une charge de travail trop lourde et même les résidents valides se sentent démotivés.
Robert Laval, directeur du Couaroïl
Surchargé, le personnel de l’établissement craint de ne plus pouvoir apporter à ses résidents les bénéfices du projet initial. L’intégration des arrivants à la collectivité, la participation aux tâches collectives et le jardinage cèdent la place au « nursing » et à l’accompagnement des personnes grabataires, qui représentent aujourd’hui un tiers des pensionnaires.
Un projet en suspens
La confrontation au vieillissement ultime constitue, de surcroît, un choc pour les familles et les futurs résidents.
La vision de patients murés dans la passivité et le silence peut sembler désespérante au futur résident et à ses proches. Or la maladie d’Alzheimer évolue de manière très différente en fonction des individus. Le malade peut bénéficier de plusieurs années d’activité avant d’atteindre ce stade ultime.
docteur Jean-Luc Thomas, médecin généraliste diplômé en gériatrie et en gérontologie, et coordinateur de cet établissement associatif
Outre six lits supplémentaires réservés aux malades grabataires, le projet d’extension du Couaroïl comprend six places consacrées à l’accueil temporaire – qu’il s’agisse de séjour programmé, d’aide d’urgence ou d’accueil de jour et de nuit. Ce dernier service, totalement inédit, répond au besoin de sommeil. des proches des malades d’Alzheimer. Les patients confondant fréquemment le jour et la nuit, la famille se trouve en effet contrainte à une surveillance nocturne, sans toujours pouvoir récupérer dans la journée.
Notre projet a obtenu l’avis favorable de la caisse régionale d’assurance maladie d’Alsace-Moselle et du comité régional d’organisation sanitaire et social. Mais il s’est heurté au refus de la Ddass et du conseil général de la Moselle, qui estiment que le bassin de Sarrebourg dispose de structures d’accueil suffisantes pour les personnes âgées. Or nos pensionnaires ne sont pas toujours âgés, mais présentent des besoins spécifiques.
Robert Laval, qui espère obtenir gain de cause dans le cadre du prochain schéma gérontologique départemental
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