Les trois filiales reprises par Mittal à Usinor en 1999 ont été redressées et l’emploi y a globalement été préservé. C’est le message délivré hier par le groupe anglo-néerlandais, qui veut montrer la pertinence de son projet de rachat d’Arcelor.
C’est ainsi que des entreprises promises à un funeste avenir au milieu des années 90 ont retrouvé une raison d’être au sein de Mittal Steel.
Bernard Lauprètre
Bernard Lauprètre, directeur général de Mittal Steel France, conclut en ces mots l’histoire des trois filiales d’Arcelor vendues en 1999 par Usinor (inclus par la suite dans Arcelor), à Ispat, holding qui allait devenir Mittal. Une démonstration que plusieurs responsables du groupe anglo-néerlandais ont longuement déroulée hier, sur place, afin d’illustrer la pertinence de la stratégie de leur société en matière sidérurgique, répondant par l’exemple aux critiques qui sont montées ces derniers jours.
A l’époque, Usinor, qui avait décidé de sortir de l’activité des produits longs destinés au secteur de la construction et de l’automobile, avait déjà amorcé son retrait de la Lorraine au profit de ses sites implantés en bord de mer, comme Dunkerque et Fos-sur-Mer.
En 1999, les effectifs de Gandrange (Moselle) étaient passés de 14.000 à 1.000 salariés, au terme de vingt ans de synergies successives. Le site se trouvait brutalement en dépôt de bilan, et Francis Mer nous chantait les louanges du futur repreneur, Lakshmi Mittal.
Gérard Loparelli, délégué (CGT) de Mittal Steel Gandrange
Hausse des marges. Outre Gandrange et un laminoir situé à Schifflange, côté Luxembourg, Mittal a repris deux autres filiales d’Usinor, spécialisées dans le travail de l’acier en aval : Trefileurope (huit sites avec son siège social à Bourg-en-Bresse) et SMR à Bar-le-Duc. Au total, quelque 2.800 personnes se sont retrouvées sous la bannière du groupe anglo-néerlandais. En 1998, le seul site de Gandrange perdait 14 millions d’euros. En 2004, l’usine a renoué avec les bénéfices, qui se sont élevés à 16 millions d’euros en 2005.
Nous avons un savoir-faire unique pour acquérir et redresser des entreprises sidérurgiques mal en point partout dans le monde.
Roeland Baan, directeur général Europe de Mittal Steel
La recette : un mélange d’échanges d’expériences au niveau du groupe, d’investissement et de gains sur les achats de matières premières. A Gandrange, Mittal a surtout modifié le mix produit en abandonnant la production de produits longs basiques pour se concentrer sur les fils machines à plus grande valeur ajoutée. La production a diminué en volume, passant de 1,1 million de tonnes à 800.000 tonnes ; mais les marges ont grimpé de 24 à 133 euros par tonne. Mittal a investi environ 50 millions d’euros au total pour moderniser et viabiliser les équipements de l’usine.
Côté effectifs, le nombre de salariés de Mittal Steel France a baissé de 200 à 300 personnes.
Des départs réalisés par mesures d’âge, et avec un seul plan social portant sur 40 personnes à Saint-Dizier.
Bernard Lauprètre
Gandrange a embauché 100 personnes en 2005, abaissant ainsi l’âge moyen à 47 ans.
« Plutôt mieux lotis »
Sur le plan social, Mittal Steel France affirme n’avoir pas à rougir par rapport à son concurrent.
Nos salariés bénéficient d’accords d’intéressement et de dispositifs de départ en préretraite plutôt avantageux.
Bernard Lauprètre
Depuis qu’Usinor nous a bradés sans scrupule, Mittal a négocié le passage des 35 heures en douceur, puis s’est comporté en patron comme un autre. Nous sommes même plutôt mieux lotis en matière sociale qu’à l’époque d’Arcelor.
Sylvie Paris, secrétaire adjointe (CFDT) du comité d'entreprise
Seule sur son segment dans le groupe Mittal, cette usine serait-elle à nouveau menacée par un rapprochement avec Arcelor ?
Pas du tout! Il n’y a pas de redondance industrielle avec Arcelor, qui fabrique les mêmes produits uniquement en Espagne.
Roeland Baan
Bernard Lauprètre va plus loin.
En cas de succès de l’offre, il y aura une réflexion sur le développement de l’usine Arcelor voisine à Florange, en synergie avec Gandrange.
Bernard Lauprètre
Marie-Caroline Lopez, à Gandrange, avec Pascale Braun , à Metz
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